Les propositions du CCU pour 2011-2012 se font-elles l’écho du 30ème anniversaire de l’Université de Corse ?
Certainement. A titre d’exemple on a reprogrammé « A scusa di Pasquale Paoli » de Jacques Thiers par souci de l’histoire de l’île et de l’histoire de l’université.
Particularité de cette pièce ?
Faire raconter Pasquale Paoli par des fous. Un prétexte dramaturgique pour aborder la question de la guerre, de la violence et celle de la culture. Sous l’absurdité des situations une réflexion sur la société corse. Un spectacle historique ponctué de rires et très rythmé.
Le rôle attribué à la langue corse dans la programmation théâtrale ?
Elle est … Elle a la place qui est la sienne ainsi que l’évoque d’ailleurs « La feuille de route de la CTC » en matière de culture et de patrimoine. Même si dans ce document l’objet théâtral reste flou ! Même s’il a obligation d’être largement précisé ! En l’occurrence on attend encore la réponse à la question : Quelle politique culturelle pour la Corse ? Qu’est-ce qu’on veut finalement pour la culture ici ? Il est plus que temps de définir une ligne politique en ce domaine et de la concrétiser dans les faits …
Depuis les débuts en 2008 de l’Espace culturel Natale Luciani quelle évolutions enregistrées ?
Le lieu est désormais connu et attire des gens qui y viennent pour des raisons variées. On peut dire que c’est maintenant un vrai centre culturel où les étudiants assistent à des cours durant la journée et vont au spectacle le soir. L’occupation du lieu est d’ailleurs intense car par sa disposition, par l’harmonie de la salle il est très demandé. A noter que présentement des collégiens et lycéens de Corte fréquentent nos murs.
Qu’est-ce qui a guidé l’élaboration du programme théâtral ?
La volonté d’ouverture et du mélange des styles et des genres, avec toujours la préoccupation de la qualité quelle que soit la langue dans laquelle s’expriment auteurs et comédiens. Bien sûr on cherche un équilibre entre comédie et drame, mais si une année notre palette de choix est toute entière représentée par de très bonnes comédies nous opterons pour 100% de rires. Pareil s’il s’agit du drame !
Mais qu’est-ce qui vous pousse finalement à sélectionner un spectacle plutôt qu’un autre ?
Je réagis au coup de cœur et je regarde s’il y a concordance du sujet avec les thèmes traités à l’UMR (Unité mixte de recherche). Au CCU il doit y avoir correspondance avec le travail des chercheurs. L’adéquation œuvre-lieu-territoire ne doit pas être esquivée si l’on veut faire sens.
Le spectacle le plus inattendu, le plus singulier de la saison ?
« Histoires de funambules » de et par Hippolyte Romain … véritablement inclassable ! Pas un one man show, plutôt une longue conversation tenue par un artiste généreux, éclectique, élégant. Un récit de vie où se mêlent le rêve, la poésie, et la biographie de Romain, qui n’est jamais pédant, jamais cuistre, toujours habité par l’idée du partage. (1)
Parmi votre public, le pôle d’excellence de Corte. Qui compose ce pôle ?
Des internes du lycée de la ville. Ce CCU a signé un partenariat avec cet établissement secondaire ce qui permet à des jeunes de venir suivre notre programmation. Notre propos : leur donner un background culturel conséquent.
Dans la présentation de la saison Jacques Thiers, directeur du CCU, met en exergue la naissance d’un OFF. De quoi s’agit-il ?
Le OFF c’est l’école du spectateur de demain. Il s’adresse donc au jeune public grâce à une programmation adaptée. Avant le spectacle les élèves travaillent sur le texte. Après la représentation ils en débattent.
Votre objectif en deux mots ?
Faire de l’art en Corse en ayant en tête que toute forme artistique est imprégnée de son territoire et produit du sens ?
Propos recueillis par M.A-P
(1) Spectacle le 25 janvier à 20 h 30