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L’ultima lascita di Pasquale Paoli

vendredi 12 juillet 2013, par Journal de la Corse

L’ultima lascita di Pasquale Paoli

Cet homme dont la vie privée est mal connue laisse, par son testament, une somme importante pour une université à Corti et à Merusaglia une École primaire supérieure. L’’attachement viscéral, jusque dans son testament, à la création d’une élite intellectuelle corse est primordial dans la réception de l’héritage de Pasquale Paoli. Cela nous amène à y voir une autre lecture, ce ne sont pas uniquement les intellectuels européens qui s’intéressent à l’île comme possible terrain d’expérimentation, mais de fait c’est le gouvernement corse, à l’image de Pasquale Paoli, qui est tourné vers la pensée de son époque et y voit un moyen de garantir une autonomie. Une pensée visionnaire !

On comprend mieux, alors, l’intérêt de René Santoni sur ce sujet. Il propose, encore une fois, un ouvrage novateur et inédit. Il se penche en effet sur cet aspect inédit de l’oeuvre de Paoli : son héritage. On connaissait l’héritage des idées, de l’histoire mais moins son héritage au sens propre du terme et tout bonnement pécuniaire. Pourtant, il a laissé en faveur de l’éducation en Corse un legs conséquent qui a permis à deux écoles de prospérer jusqu’en 1914. U Cunventu San Francescu avarà a Scola Paoli incù i zitelli di a Castagniccia sana. A nuvella scola Paoli, oghji hè in faccia di l’anziana scola (stu Cunventu di Merusaglia). A lascita di Pasquale Paoli mostra l’unità chì li paria nicissaria trà a teologia è a filusofia disprezzata à l’epuca, trà fede è raghjone, in particulari e matematiche par un dettu ! Una sfida à usu d’oghji ! A l’évidence un « Paoli » qui se découvre dans ses ultimes pensées et ce n’est pas là, l’un des moindres mérites du travail de René Santoni. Retour sur cet aspect méconnu de l’héritage de Paoli.

Comment est née l’idée de cet ouvrage ?

Dans le cadre des recherches pour mes précédents ouvrages, j’ai été amené à consulter un certain nombre de documents concernant le cardinal Fesch. Au cours de consultations aux archives départementales de la Corse du Sud, j’ai découvert un article du « Journal de la Corse » (numéro 50 en date du12 décembre 1838), informant ses lecteurs des intentions du prélat de fonder à Ajaccio un établissement d’études supérieures, s’inspirant de celui que venait de financer Pascal Paoli à Corte. C’est cette information, qui m’interpellait, me conduisant à aller plus avant et à initier le présent ouvrage.

On connaît l’héritage des idées, mais moins l’héritage pécuniaire de Paoli ?

De nombreux historiens n’ont relevé que le côté leur paraissant symbolique, du legs de Pascal Paoli pour l’éducation de la jeunesse corse. En effet la rente annuelle de 250 livres sterling semblait dérisoire, par rapport aux besoins de la Corse en ce domaine. En fait, pour produire cette rente, plus de 8300 livres avaient été nécessaires, et la monnaie anglaise étant indexée sur l’or, elle valait 25 fois plus que la monnaie française. Le capital initial s’élevait donc à plus de 200 000 Fr, et la rente à 6250 Fr. au décès de Pascal Paoli.

L’éducation est-elle une volonté majeure de Paoli ?

C’est une évidence affirmée dans la rédaction de l’acte de création de l’Université de 1765. Le codicille à son testament indiquait, concernant l’utilisation de son legs, ses voeux de voir enseigner certaines matières en continuité de celles dispensées sous son gouvernement. Bien des années plus tard, au cours de la séance du 5 octobre 1912 du Conseil Général de la Corse, Alexandre Grassi le Conseiller Général de Cervione résumait remarquablement les motivations du Babbu concernant ce legs : « Paoli avait créé à Corte une université qui disparut avec le gouvernement national. Il a écrit plus tard que rien ne lui avait plus coûté que de la voir disparaître dans le naufrage de son oeuvre. Ce sont sans doute ces regrets qui l’amenèrent à économiser sur le pain de l’exil, pour assurer le pain de l’intelligence à la population de Corte qui pendant les quatorze glorieuses années de son gouvernement, l’avait entouré du plus patriotique dévouement. » Son testament prévoyait également la fondation et le financement d’une école à Morosaglia

Racontez-nous cette fameuse année Paoli qui signifie l’attachement des Corses à ce dernier ?

L’inauguration de l’« Institut Paoli » qui eut lieu le 12 décembre 1837, fut l’occasion de rendre un hommage solennel à l’illustre donateur. Les festivités durèrent plusieurs jours0 L’année 1838 qui suivit l’ouverture de l’Ecole fut marquée par de nombreuses manifestations de reconnaissance, notamment le 18 mai lors de la Saint Pascal où les élèves avaient tenu à fêter dignement le saint patron de leur bienfaiteur. Mais avant cette date, le 13 mars, des élections avaient eu lieu afin de désigner le député pour le collège électoral de Bastia. A cette occasion, les hommes politiques rendirent, à leur manière, un hommage à Pascal Paoli. Aucun des deux candidats, Limperani et Casabianca, n’avait obtenu la majorité au premier tour de scrutin. Sur les 157 électeurs inscrits seuls 80 se présentèrent au second tour, et votèrent à l’unanimité pour Pascal Paoli qui fut élu député, trente ans après sa mort. (Seuls les citoyens les plus riches étaient autorisés à voter.). Cette élection fut, bien sûr, annulée. L’année 1838, à la suite de l’engouement que ces évènements avaient créé, vit la Corse transformée en Académie de plein exercice, avec une administration rectorale, et le collège communal de Bastia fut érigé en collège royal (Ces établissements « hauts de gamme » seront par la suite transformés en Lycées.).

Qu’est devenu son legs ?

Le XIXème siècle n’ayant pas connu d’inflation, la rente garda toute sa valeur jusqu’à la fin de la Grande Guerre. En 1901, elle finançait toujours près de 30% du collège de Corte qui comprenait plus de 200 élèves, et elle participait au fonctionnement de l’école et du Cours Complémentaire de Morosaglia. Après 1918, le franc se dépréciant fortement, les rentes perdirent rapidement toute leur valeur. Lisa D’Orazio Contact : https://www.facebook.com/rene.santoni

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