CD : MYUNG-WHUN CHUNG DIRIGE MESSIAEN

Il est déjà arrivé que, non sans un brin d’audace, il ait été question en cette chronique de musique contemporaine. Ce qui serait tout naturel, voire nécessaire, du moins pour les mélomanes affirmés, si ne se posait le problème créé par un public trop souvent réticent devant cette musique, alors que c’est celle de son temps. Il est vrai que rarement une césure aura été aussi nette entre deux âges de la musique, celui qui a précédé la deuxième guerre mondiale et celui qui l’a suivie. Mais souvenons-nous de Diderot affirmant que l’éclosion d’œuvres artistiques est assujettie aux événements importants de l’histoire. Or s’il y a bien un compositeur de notre temps, aujourd’hui disparu, dont on ne peut contourner ni le génie ni l’œuvre, c’est bien Olivier Messiaen. Sa foi chrétienne très ardente fait essentiellement partie de ses sources d’inspiration ainsi que son grand attachement aux chants d’oiseaux. Il les a intégrés à son langage musical avec une habileté confondante à les écrire à partir de l’oreille. La musique de Messiaen est elle difficile ? Cela arrive. Mais elle est plutôt autre, frappée du caractère distinctif, comme toute musique de notre temps, d’un mouvement porté en avant. Le langage parlé est fait de signes qu’on appelle des « signifiants » qui renvoient à des « signifiés ». Le mot « table » renvoie à cet objet sur lequel j’écris. La musique ne renvoie qu’à elle même. Il a déjà été dit ici que la musique et au fond tout art n’a pas de sens mais qu’il est un sens. Que veut on que veuille dire de conceptuel une mélodie, un accord ou la proximité de deux couleurs ? Ils ne veulent dire que ce qu’ils sont. D’où les résistances de ceux qui manquent de sens artistique. Mettez vous à l’écoute de ce bel album, contenant trois œuvres d’Olivier Messiaen que dirige Myung-Whun Chung, un maître qui a fait ses preuves. C’est un grand chef d’orchestre. Ces œuvres sont les suivantes : « Trois petites liturgies de la présence divine », « Couleurs de la Cité céleste » et « Hymne pour grand orchestre » Oui écoutez, n‘entendez pas seulement. Et sans prevention. Vincent Azamberti (1) Deutsch Grammophon 00289 477 7944.