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CD De la musique moderne

jeudi 19 avril 2012, par Journal de la Corse

Pour ou contre la musique moderne ? Une question qui s’impose et à laquelle Bernard Gavoty et Daniel Lesur avaient consacré un ouvrage fort utile. Henri Barraud (1), pour son compte, écrivait à la même époque, soit dans les années 50 : « Beaucoup de divorces sont nés d’un malentendu. Celui qui met en cause la musique moderne et le public pourrait bien être de ceux là. » Et qu’est ce que la musique moderne quand on a vu la coexistence dans les quinze premières années du XXe siècle, Debussy, Charpentier, Stravinsky, Puccini et Schönberg ? Il faut donc d’abord s’entendre sur les mots. Il n’y a pas un public, il y en a cent, leurs réactions étant fonction du degré de leur culture. Il n’y a pas de musique moderne. Il y a des compositeurs de plus ou moins de talent, étant entendu que parfois on propose aux mélomanes de bonnes choses mais aussi de pales navets. Le public a digéré Picasso, Le Corbusier et Bartok. Il en absorbera d‘autres. C‘est Victor Hugo qui écrivait : « L‘art n‘est point susceptible de progrès intrinsèque. De Phidias à Rembrandt, il y a marche et non progrès. L‘art en tant qu‘art et pris en lui même ne va ni en avant ni en arrière ». Il demeure que la musique contemporaine ne fait pas recette. Dans sa très grande majorité, le public la subit plus qu’il ne la désire. L’accusation étant exprimée, il faut discerner les bons arguments des mauvais et évoquer la difficulté de choisir. En fait, le problème est de tous les temps et le temps fait son œuvre, même s’il n’est pas à l’abri de l’erreur. Que de chefs d’œuvre, aujourd’hui reconnus et souvent produits ont été des « fours » à leur création ! Elisons alors la musique de notre époque qui s’accorde à notre sensibilité. N’en déplaise aux opiniâtres, il en est. Autre difficulté : comment formuler une appréciation sincère ? Par crainte de sembler ne pas comprendre, on approuve souvent sans avoir compris. Il y a aussi l’impact du passé et son prestige à considérer. Puisque Mozart avait du génie pourquoi se donner la peine d’écouter Messiaen ? Mais le présent n’a pas toujours tort et le passé raison. Enfin, les nouveaux modes, selon bien des auditeurs, rendent la musique moderne désagréable à entendre. Un chanoine Bolognais qui accueillait…des madrigaux de Monteverdi en 1600 ! N’est-il pas vain, à la fin, de pasticher Wagner ou Debussy ? En outre la langue harmonique s’est enrichie et les instruments ont profité de perfectionnements. La musique digne de ce nom évolue de façon moins arbitraire qu’il n’y paraît « .Et le public a horreur de ce qu‘il ne connaît pas…par paresse d‘esprit ou crainte d‘avoir à faire un effort quelconque d‘assimilation, voire par simple méfiance. » (Henri Martelli)

Vincent Azamberti

(1) Henri Barraud : compositeur Français (1911-1974)

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