L’édito d’Aimé Pietri
La Corse, on le sait, a tendance, lors d’élections nationales, à cultiver une certaine spécificité. Ainsi, lorsque le Continent vote à gauche elle met la barre à droite, sans aucun état d’âme, et quand il vote à droite c’est à la Gauche qu’elle fait les yeux doux. Créer la différence semble être un des soucis majeurs de cette île qui, par l’originalité de sa faune et de sa flore, de son climat et de ses sites, se distingue déjà, à son avantage, des autres îles de la Méditerranée. Elle est plus arrosée que ses voisines, moins exposée aux séismes et peut se vanter de n’avoir aucune vipère en son sein, à part celles qui se tortillent sur les langues éponymes répandant un venin dont seules les réputations ont à souffrir. Et ce n’est pas tout, puisque voulant être en tous points dissemblables des Continentaux, les Corses manifestent leur volonté de rester dans la République française, lui témoignant un attachement sans faille alors que les Français du Continent, outrés par le comportement agressif des clandestins, irrités par des plasticages à répétition, les laisseraient volontiers voler de leurs propres ailes. Même attitude, concernant les questions du racisme, largement débattues sur les écrans de toutes les télévisions après les attentats contre des Maghrébins, un peu partout à travers l’île. On a entendu les mêmes qui condamnaient sans équivoque le slogan « Arabi fora ! » répondre à côté lorsqu’ils étaient interrogés sur leur position à propos de « Francesi fora ! » On ne fait pas mieux dans l’équivoque. Ni dans la contradiction. C’est pourtant ça la Corse.