Les producteurs insulaires sont condamnés à l’excellence et à l’originalité pour imposer leurs productions à l’international. Les productions concernées relèvent de marchés de niche, bénéficiant ainsi d’une concurrence moins forte et d’un potentiel de marges élevées.
Dans un monde en profonde mutation, un environnement économique concurrentiel et une globalisation des problèmes où tout est interaction, il n’est plus possible d’envisager le développement local de façon autocentrée. Aussi les collectivités territoriales ayant en charge le développement local doivent absolument élaborer et dérouler des stratégies incluant des enjeux, des problématiques et des paramètres internationaux. Que les politiques globales traitant les grands enjeux du monde, relèvent toujours de l’Etat ne change rien à l‘affaire. En effet, les collectivités territoriales disposent d’une marge d’action importante et leur engagement peut s’avérer particulièrement performant, en particulier aux plans de la bonne compréhension des dossiers traités et de la réactivité. Par conséquent, dans une perspective d’ouverture à l’international ayant pour objet de promouvoir et commercialiser des produits insulaires à l’exportation, la Collectivité Territoriale de Corse est en droit et en devoir d’agir. Dans ce contexte de marché ouvert où nombre d’acteurs sont des géants économiques et disposent de moyens d’action considérables, la Corse qui n’a pas et n’a jamais eu de production de masse, et ne peut compter que sur de modestes politiques publiques d’aide, est-elle en mesure de tirer son épingle du jeu ? La réponse est affirmative pour peu que ses décideurs institutionnels et surtout ses entreprises acceptent les contraintes du marché et prennent en compte la réalité économique insulaire.
Excellence et originalité sont incontournables
De par leur impossibilité de parvenir à la masse critique requise pour accéder au marché des productions de masse et survivre à ses lourdes contraintes concurrentielles, les producteurs insulaires sont condamnée à l’excellence et à l’originalité pour imposer leurs productions à l’international. Ce qui s’avère être non pas une calamité mais une formidable opportunité car les productions concernés relèvent de marchés de niche, bénéficiant ainsi d’une concurrence moins forte et d’un potentiel de marges élevées. La mariée est d’autant plus belle que le développement rapide des technologies de l’information et de la communication apporte de nouveaux atouts aux producteurs insulaires. Ces technologies font que des parties du monde hier inaccessibles sont aujourd’hui devenues des débouchés potentiels. Elles permettent aussi de connaître les évolutions et les attentes du marché er d’améliorer en conséquence nos produits et nos méthodes de travail. Enfin elles rendent possible des échanges de bonnes pratiques d’ouverture à l’international, ce qui permet de capitaliser les expériences. Il convient toutefois de souligner que cette ouverture ne peut être viable et pérenne que si elle s’appuie sur des fondamentaux solides : des productions s’y prêtant, des politiques publiques allant en ce sens, et aussi une culture économique et des compétences adéquates. Concernant ces deux derniers points, il est satisfaisant que de plus en plus d’étudiants corses partent à l’étranger compléter leur cursus, se perfectionner ou se frotter aux réalités du monde, puis reviennent chez eux, mettre leur niveau élevé de qualification au service d’entreprises locales.
Alexandra Sereni