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Francs-mâçons et nationalistes

vendredi 13 septembre 2013, par Journal de la Corse

C’est sans doute une simple coïncidence, mais on constatera que le réveil de la franc- maçonnerie en Corse se situe au début des années 70, alors que le phénomène nationaliste commence à se faire jour. Y-a-t-il eu, tout de suite, une tentative de rapprochement  ? Rien n’est moins sûr et il faudra attendre l’après-Aleria pour que des contacts s’établissent et tout d’abord en Haute-Corse. Jackie Lucchini révèle, dans un numéro de Kyrn, consacré à la franc-maçonnerie, qu’un militant de l’ARC, Ange-Marie Renucci, par ailleurs francmaçon, entreprend un tour de France des loges du Grand Orient de France pour y exposer le problème corse, alors que l’Etoile de Cyrnos, la première loge du GODF en Corse, impulse une dynamique nouvelle et qu’elle s’investit dans la lutte contre la répression. On n’ignore pas que les francs-maçons insulaires et plus particulièrement les Bastiais de l’Etoile de Cyrnos, partent en guerre contre la Cour de Sûreté de l’Etat, cette juridiction d’exception tant décriée par les nationalistes qui auront à en subir les foudres. Pendant ce temps les contacts se multiplient entre loges insulaires et mouvements nationalistes et il n’est pas exclu que les francs-maçons aient pris des idées chez les tenants de « l’Autre Corse » pour travailler au projet de statut particulier, dont on a dit qu’il était leur oeuvre, même s’ils s’en étaient défendus, assurant qu’il y avait à son origine des militants socialistes. Oui, mais il n’est un secret pour personne que les maçons ont eu dans la conception du premier statut particulier, celui à partir duquel a été créée l’assemblée de Corse, une part essentielle. L’Ordre a travaillé beaucoup sur le projet, comme il l’a fait d’ailleurs sur les grands dossiers de cette fin de siècle et notamment ceux du Code de la Nationalité, de l’Informatique, de l’audiovisuel, de la loi Weil sur l’interruption volontaire de grossesse. L’Ordre continue d’ailleurs à travailler sur le problème corse, cherchant des solutions, qui pourraient être acceptables et pour les nationalistes et pour tous ceux qui ne le sont pas. Aussi continue-til à tisser des liens avec les représentants des différentes composantes de la famille nationaliste. On le sait pourtant réticent aux thèses indépendantistes. Il estime, en effet, que la Corse n’est pas prête à faire le saut dans l’inconnu et que son maintien dans l’ensemble français est le seul garant de sa prospérité future.

J-N.C

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