Si l’on en croit deux études récentes, les jeunes français ne vont pas si bien que cela, mais pas aussi mal qu’on le pense. Néanmoins, ils ont quand même des comportements à risque, notamment en matière d’alcool. Porteurs d’avenir, ils sont objets de bien des études, qui cherchent à les cerner, pour mieux les protéger.
Bien-être des jeunes
L’Unicef classe la France à la 13e position sur 29 concernant le bien-être des jeunes avec des performances jugées « très inégales ». Les cinq dimensions abordées étaient le bien-être matériel, la santé et la sécurité, l’éducation, les comportements et risques, le logement et l’environnement. Un des aspects les plus préoccupants : l’enseignement secondaire, pour lequel la France obtient les résultats les plus critiques, surtout pour ce qui concerne la réussite scolaire et la scolarisation dans l’enseignement secondaire. Avec une position préoccupante, épinglée par le rapport de l’Unicef : « La France fait partie des pays qui comptent le plus d’adolescents de 15 à 19 ans qui ne sont ni à l’école, ni en formation, ni sur le marché du travail ». Et la Corse fait partie des régions les plus vulnérables, puisque les jeunes y sont moins scolarisés que sur le continent (en Corse, le taux de scolarisation des 18-21 ans n’est que de 60 %, 8 points de moins que la moyenne nationale). En outre, les jeunes adultes, résident sur l’île, sont moins souvent en emploi que sur le continent. Autre élément du rapport, 85% des adolescents français se déclarent satisfaits ou très satisfaits de leur vie, malgré le fait que la France se place à la dernière position en matière de dialogue parents/adolescents : seuls 50,3 % trouvent qu’il est facile de parler avec leur père et 71,2 % avec leur mère.
Comportements à risque
Selon le rapport Unicef, la France se classe bien en matière de prévention de la natalité chez les adolescentes et de consommation d’alcool avec un taux deux fois plus faible qu’au Royaume-Uni. Mais plus de 20% des jeunes déclarent consommer du cannabis, une proportion importante qui place la France en bas de classement. Le 8e baromètre des étudiants épingle aussi que les étudiants consomment plus de tabac, de cannabis et d’alcool. L’Institut de recherches scientifiques sur les boissons a tiré le signal d’alarme, au vu de la précocité de la consommation de l’alcool chez les enfants (les services d’urgence ont vu arriver des enfants d’à peine 10 ans en état d’alcoolémie, voire de coma éthylique), directement reliée à des risques de dépendance ultérieure, d’ivresse régulière et de consommation d’autres substances (tabac, cannabis). D’où le plan d’actions « Santé des jeunes » auquel s’est associé la Collectivité Territoriale de Corse, consciente qu’il faut agir contre les pratiques addictives, chez les ados et les jeunes adultes, promouvoir une vie affective et sexuelle épanouissante, l’alimentation équilibrée et la santé en renforçant l’accès aux soins.
Paupérisation et rêves
Le premier rapport de l’Observatoire de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) sur la situation de la jeunesse en France, publié en décembre 2012, a révélé que 23% des jeunes sont pauvres. Fragilisation accrue, risques d’exclusion, creusement des inégalités entre jeunes sur fond de crise économique, telle est la situation des jeunes en France. Ils sont les premières victimes de la rigueur, surtout ceux qui ne sont ni en études, ni en formation, ni en emploi, avec de moins en moins d’aide de l’État. Le rapport a établi que plus d’un million de jeunes sont aujourd’hui confrontés à une grande situation de précarité. Reste le soutien familial. Les parents consentent souvent à des efforts considérables pour les jeunes adultes, qui quittent le nid familial aux alentours de vingt ans, tout en restant géographiquement proches, pour un apprentissage progressif de l’autonomie. Le taux de chômage des jeunes est important (+ 5,6% entre 2008 et 2010), même si en matière d’accès à l’emploi, le clivage se creuse selon les diplômés et les non-diplômés. L’enquête d’Universum France a révélé que pour les étudiants en école de commerce, leurs entreprises préférées sont LVMH, L’Oréal, Google, Apple, Canal+, EADS, Dassault Aviation, Thales, EDF et Colas. Les Armées sont aussi assez prisées par les jeunes diplômés, de même qu’Air France. Ce qu’ils recherchent ? Des entreprises avec des valeurs et des secteurs plus sûrs, associés à la sécurité de l’emploi, d’où la chute de la popularité du secteur de la finance. Comme quoi les jeunes sont plein de bon sens.
Maria Mariana