Les temps ont bien changé. Désormais, bien fol est celui qui laisse ouverte sa porte ou l’accès libre à son jardin. Et attendre le policier ou le gendarme, risque de devenir de plus en plus long.
Sur les murs d’une petite maison, un bombage de nazillon et un tag obscène mal dissimulé par une sorte de badigeon. Là, depuis plus de cinq ans, Hortense vit dans l’angoisse. On incendie des objets dans son jardin. On lance des pierres contre sa maison. On vandalise ou vole ses biens. On lui téléphone la nuit. Vivant seule avec ses deux enfants, elle ne peut se défendre. De plus, n’étant pas vraiment du coin, elle n’ose pas trop se plaindre. Pourtant, elle connaît ses tourmenteurs. Ce sont des ados qui habitent à deux pas de chez elle. Elle n’ignore pas non plus qui sont les parents de ses petits bourreaux. Mais ces parents jouent aux trois singes : ils se font sourds, muets et aveugles. La fille de cette victime de violences quotidiennes a du s’en aller habiter chez son père. Le fils a du quitter le collège local. Hortense s’est résignée à porter plainte, mais envisage de déménager. Cela ne se passe pas dans le 9.3, dans les quartiers nord de Marseille ou au Mirail à Toulouse. Ces événements ont eu lieu chez nous, à Lucciana...
Agressée en pleine salle de classe
Les enseignants observent une grève d’une heure. Ils protestent contre l’agression ayant visé une des leurs. Cet acte serait intervenu après qu’un professeur ait temporairement confisqué son téléphone portable à une ado qui l’utilisait durant un cours. Appelée à la rescousse, la mère de la Miss Portable aurait pénétré dans l’établissement et fait irruption dans une classe pour s’en prendre à l’enseignante. Cela ne s’est pas passé au collège Louise Michel, boulevard Youri Gagarine, à Clichy-sous-Bois. Cet événement est survenu chez nous, boulevard Paoli, à Bastia, au collège Simon Vinciguerra... Une ado et son copain sont séquestrés quelques minutes et battus par un adulte au domicile duquel ils s’étaient rendus pour effectuer un constat, suite à un accrochage ayant occasionné des dommages à leur scooter. L’agresseur n’est autre que le père de l’ado qui a provoqué l’accident et, dans un premier temps, a pris la fuite. Cela n’est pas un instant de vie dans une cité de Gagny. Ces faits ont eu lieu chez nous, à Calvi...
Pas de quartier pour les élus et le héron !
Un véhicule endommagé par un attentat. Le énième méfait ! Dans ce secteur, on adresse des lettres truffées de menaces, d’injures ou de calomnies. On dévaste les biens publics et privés. Ce secteur n’a rien à voir avec le sinistre paysage urbain d’une zone de non droit de Bagneux ou de Corbeil-Essonnes. Il a au contraire toutes les apparences d’un petit paradis. C’est chez nous. Les méfaits ont lieu dans le charment village de San Petru di Tenda... On a est entré de nuit. On a empilé des meubles au milieu de la pièce principale. On s’est servi de ce mobilier comme combustible pour alimenter un grand feu. Il ne s’agit pas du saccage et de l’incendie d’un entrepôt de zone industrielle joutant une résidence HLM mal famée, mais de la destruction d’une petite construction familiale qui venait d’être amoureusement restaurée et aménagée Cela est survenu au détriment du maire de la commune, chez nous, à Castifao... Enfin, on a découvert les cadavres de chiens, de brebis et même d’un héron cendré. Tous avaient été criblés de plombs. Le lieu de ce massacre n’est pas un zoo situé à proximité d’un quartier difficile. Ce carnage a eu lieu chez nous, dans la jolie petite commune de Moltifao...
Toujours moins de casquettes et képis !
Tous ces événements détestables ont eu lieu en moins de quinze jours. Bien entendu, ils inquiètent les populations. En revanche, ils ne semblent guère émouvoir les ministres et celui qui, il y a quelques mois, promettait la sécurité pour tous et la tolérance zéro applicable au plus petit écart de conduite. En effet, il se murmure qu’en rase campagne, redéploiement pour raison d’économies exige, les effectifs de gendarmerie pourraient être revus à la baisse. En ville, c’est déjà fait ! Ainsi, lors des récentes élections municipales de Bastia, le maire de la ville déplorait une baisse de plus de 20 % du nombre de fonctionnaires appelés à intervenir en zone police dans la capitale du nord et ses environs. Après le temps de tolérance zéro, voici venir celui de vigilance zéro.
Alexandra Sereni