Plus de 5000 morts en Syrie depuis le début de la contestation et l’ONU qui ne bouge toujours pas. Une telle inertie est un encouragement pour la tyrannie de Damas.
L’impuissance onusienne
Pour ceux qui abordent aujourd’hui la soixantaine, l’histoire moderne a été longtemps marquée par l’impuissance ou la non-volonté des grandes puissances à empêcher les massacres ou les génocides : Arméniens, Juifs, Cambodgiens, Tutsis etc. furent assassinés par millions sans que l’ONU, héritière de la Société des nations, parvienne à intervenir. Nous avons tous en mémoire l’atroce inertie des casques bleus à Srebrenica ou au Rwanda qui rappelait celle des Alliés face aux camps de la mort. Une improbable coalition a mis à mort le régime de Kadhafi et n’est pas capable de s’imposer au dictateur syrien. Serait-ce que la Libye exporte du pétrole et du gaz tandis que la Syrie ne produit rien ? Ou peut-être encore, les forces occidentales craignent-elles de déstabiliser un Moyen Orient déjà au bord de l’explosion. Quoi qu’il en soit, l’opposition syrienne avec un courage et une conviction extraordinaire descend au quotidien dans la rue et au quotidien se fait massacrer sans que nous bougions le petit doigt.
De l’intervention à tous crins à la non-intervention
L’Occident n’a évidemment pas vocation à intervenir dans le monde entier contre des régimes en place. Il ne le pourrait pas financièrement et cela rappellerait fâcheusement la période coloniale. L’ONU peut à l’inverse faire pression sur le régime de Damas. Mais la real politik commande que nous continuions à sacrifier les grands principes aux intérêts matériels respectant les pires ennemis de la liberté dès lors qu’ils peuvent nous fournir des devises. Ne nous étonnons pas dans de pareilles conditions que les peuples martyrisés se retournent vers leur foi plutôt que vers les prétendus principes démocratiques prônés par l’Occident. Entre intervention sans principes et non-intervention, les puissances occidentales peinent à trouver leur chemin. Et tant pis pour les dommages collatéraux. Or ce qui joue en Syrie est l’avenir du Moyen-Orient, Israël compris. Jusqu’à maintenant, Israël a justifié la possession du Golan, conquis en 1967, par l’implication de la dictature baasiste syrienne dans la Guerre des Six jours. Or le Golan a une double importance stratégique. Il domine la Galilée et abrite la source du Jourdain dont le cours permet les vergers d’Israël. Le Jourdain alimente en partie le lac Tibériade, le réservoir en eau naturel de l’état hébreu. Enfin le régime baasiste empêche une réunification du Liban et, à ce titre, sert les intérêts d’Israël tout comme le régime du colonel Kadhafi le fournissait en gaz algérien via l’Égypte.
Une libération qui se fera d’elle-même
Plus l’ONU tarde à intervenir, plus sa légitimité mondiale sera contestée. Le sentiment dominant est que cette structure ne possède pas de réel pouvoir et qu’elle sert surtout le bellicisme des grandes puissances chinoises, russes ou américaines. Le monde ancien se disloque sous nos yeux et nous assistons à un nouveau partage du monde auquel nous, un partage qui ignore les intérêts des peuples et prépare les futures guerres économiques autour des sources d’énergie et de l’eau. Au milieu de cet océan de lâcheté, les Syriens sont en train de se libérer tous seuls. Craignons seulement qu’à son tour la Syrie ne verse dans un islamisme exacerbé et ne cherche son avenir dans un panarabisme qui, à son tour, deviendra une oppression.
GXC