Accueil du site > Societe > Visiteurs encombrants
 

Visiteurs encombrants

mardi 1er mars 2011, par Journal de la Corse

Fidel castro

Nous avons échappé à Mouammar Preziosi !

En ces temps où des hommes et des femmes meurent pour conquérir le droit d’être libres, il eût été préférable d’inviter deux diplomates cubains à différer leur visite dans notre île.

De l’autre côté de la Méditerranée, les peuples se soulèvent contre les régimes autoritaires. D’ores et déjà, les Tunisiens et les Egyptiens ont mis en retraite d’office les sieurs Zine el-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak. Au Yémen, le président au pouvoir depuis plus de 30 ans commence à lâcher du lest et promet de respecter un verdict des urnes qui lui serait défavorable. Le sultan de Bahreïn craint pour sa couronne. Les rois de Jordanie et du Maroc sont confrontés à une forte demande de démocratisation des institutions et de justice sociale. Le régime algérien est fortement contesté. Quant au leader libyen, Mouammar Kadhafi, alors que ses lignes sont écrites, il en est réduit à faire tirer sur le peuple par des mercenaires, pour se maintenir au pouvoir. Ces événements qui se déroulent à quelques centaines de kilomètres de chez nous, ne semblent pourtant pas émouvoir outre mesure nos responsables politiques. Au contraire, alors que le vent de l’histoire souffle très fort pour balayer les autocrates et les dictateurs, nos élus et une partie de nos élites déroulent le tapis rouge aux représentant d’un régime qui, depuis longtemps, n’a plus rien de révolutionnaire et qui harcèle, embastille et parfois maltraite les opposants politiques

Les fantaisies d’un autocrate

En effet, ces derniers jours, l’ambassadeur de Cuba en France et son premier secrétaire ont parcouru la Corse pour initier des relations bilatérale entre leur pays et notre région. Durant leur périple, les deux diplomates ont rencontré du beau monde. Ils ont été accueillis à bras ouverts par Simon Renucci. Le député-maire d’Ajaccio leur a même fait découvrir le musée Fesch et la Maison Bonaparte. Ils ont aussi été reçus par Paul Giacobbi, président de l’Exécutif, et Dominique Bucchini, président de l’Assemblée de Corse. Enfin, ils ont pu longuement échanger avec des élus et des personnalités. Certes Cuba n’est pas la Libye. Les opposants y disposent de quelques opportunités et droits de faire entendre leur voix. Cuba assure aussi à la majorité de ses habitants un niveau de vie décent, un accès aux soins, à la culture, au sport, à l’éducation et aux études. Toutefois, Cuba n’a rien d’une démocratie et reste soumise aux fantaisies d’un autocrate, Fidel Castro, qui s’accroche à un pouvoir qu’il détient depuis plus de 50 ans. Aussi, en ces temps où des centaines d’hommes et de femmes meurent pour conquérir le droit d’être libres, il eût été préférable d’inviter les deux diplomates cubains à différer leur visite dans notre île.

Et si Mouammar Preziosi...

Il est heureux que Mouammar Kadhafi n’ait pas jugé bon, il y a quelques jours, d’imiter nos deux visiteurs cubains. Certains décideurs politiques auraient peut-être cru bon de lui proposer de planter sa tente sur une terre dont la rumeur veut qu’elle ait été celle de son père. Il se dit en effet que le sinistre colonel serait un enfant naturel d’Albert Preziosi, natif de Vezzani, pilote de l’escadrille Normandie-Niemen qui, en 1943, est tombé en héro en combattant les nazis dans le ciel russe. Cela étant, il aurait convenu de se monter indulgent avec ces dirigeants politiques car l’exemple leur avait été donné par Nicolas Sarkozy qui, en son temps, permit au présumé Mouammar Preziosi de camper à deux pas du Palais de l’Elysée.

Alexandra Sereni

Répondre à cet article