Depuis quelques semaines, les automobilistes qui empruntent la route nationale 193 en direction de Bastia, sont alertés par l’édification d’un ensemble de bâtiments au lieu-dit Campo dell’Oro. C’est à cet endroit qu’est construite en toute discrétion la future station d’épuration de la Communauté d’agglomération du pays ajaccien qui propose un traitement des eaux innovant et respectueux de l’environnement. Une journée porte ouverte était organisée sur le site le 18 juin.
« On tient le planning, les travaux en mer sont terminés et les premiers équipements sont installés depuis début mai », se félicité David Beldent, ingénieur à Vinci-Environnement, concepteur du projet. Le gros œuvre étant presque achevé, la phase d’installation des équipements demande une technicité minutieuse. La mise en route est prévue en octobre avec une période d’observation de six mois. « C’est un outil utile et indispensable pour la microrégion, estime un riverain de la plaine de Sarrola-Carcopino. Pour ce que j’en sais, il s’agit de techniques réellement innovantes dont on peut espérer une grande performance. Ça fait partie des ouvrages dont nous ne sommes pas habitués à voir dans notre région. Surtout en termes de process ».
Respecter l’environnement
La future station d’épuration fonctionnera selon le procédé réacteurs à flore fixée fluidisée (R3F) qui propose un traitement biologique des effluents domestiques en deux étapes. Ce procédé développé par Vinci-Environnement concerne 19 sites en France avec la station d’épuration de Campo dell’Oro. Les effluents domestiques des quartiers est d’Ajaccio et des communes environnantes seront acheminées par deux émissaires terrestres distincts. Après séparation des boues par flottaison, les eaux seront désinfectées par ultraviolets pour être rejetées en mer via un émissaire de 4.6 km aboutissant à une profondeur de 60 mètres dans le golfe d’Ajaccio. Les boues vont subir plusieurs étapes de transformation pour être réduites au maximum dans un digesteur et permettre une valorisation électrique et thermique. Le digesteur, c’est ce bâtiment de forme cylindrique d’une hauteur de 12 mètres, d’un diamètre de 17 mètre et d’un volume de 2.595 m3. Les boues resteront 28 jours dans ce réacteur chauffé à 37° pour une digestion, procédé biologique peu énergivore qui stabilise les boues tout en réduisant leur masse de 30%. Le biogaz qui se dégage de cette digestion sera ensuite stocké dans un gazomètre de 270m3 et transformé par combustion en énergie thermique utilisée pour alimenter en électricité le site. La capacité initiale de 40.000 habitants pourra évoluer à terme à 65.000 habitants. Ainsi, la station d’épuration des Sanguinaires, sous-dimensionnée et qui devrait être reconstruite d’ici 2013, sera soulagée. Il s’agit également de répondre aux exigences d’assainissement en croissance avec l’évolution de l’urbanisation dans le grand Ajaccio.
Rattrapage structurel
Le député-maire, Simon Renucci, s’est félicité que la station d’épuration, une « vitrine technologique », était « la première en France à bénéficier d’un suivi élaboré de ses impacts sur l’environnement(…) à chaque étape de sa vie : dès sa conception, en phase de construction, en cours de fonctionnement et jusqu’à démolition ». Parmi la trentaine de curieux venus participer à cette journée portes ouvertes, quelques conseillers communautaires ainsi que des élus de la rive sud. « Nous tenions à expliquer le fonctionnement de la step, d’informer sur la progression du chantier et de rassurer la population sur le respect de l’environnement », a souligné Michèle Orlandi, chef de projet à la Capa. Cette station d’épuration innovante aura coûté 28.6 M€ (HT) que se sont partagés l’Agence de l’eau (5.4 M€), le Plan exceptionnel d’investissement (8.1M€), le Conseil général de Corse-du-Sud (2.3 M€), la Collectivité territoriale de Corse (1.4 M€) et la Capa (11.3M€ en autofinancement). Ce rattrapage structurel qui allie modernité et responsabilité en terme de respect de l’environnement concerne d’autres villages de la Capa. Afa a inaugurée l’an dernier sa nouvelle station d’épuration, celle des Sanguinaires sera reconstruite, des travaux sont en cours pour le même type d’équipement à Tavaco et Sarrola-Carcopino tandis que des études concernent le village de Villanova.
M.K