La grève de la faim à laquelle je participe se poursuit et se poursuivra jusqu’au bout. Un processus est engagé qui ne s’arrêtera plus. En attendant la JIRS continue de communiquer via ses journalistes habituels.
Une grève de la faim qui se veut exemplaire
On peut toujours répandre des rumeurs sur le compte des grévistes de la faim, passer à la télévision pour déclarer que l’affaire de l’un est celle d’un acharnement policier quand celle qui nous concerne a trait au grand banditisme. Hormis le caractère misérable de telles déclarations qui représentent un mensonge éhonté et un coup de poignard dans le dos, la réalité est que cette grève est en train de faire son chemin parmi les médias. La JIRS de son côté s’active fermement communiquant par le biais de quelques journalistes triés sur le volet. L’arrestation de présumés voyous ne fera pleurer personne. Bien au contraire. À la condition qu’elles soient justifiées et menées dans le strict respect du droit. Par ailleurs, on comprend mal pourquoi il a fallu créer un monstre juridique pour en arriver à de tels résultats obtenus autrefois par la bonne vieille police. Enfin, que restera-t-il de ces opérations sinon des gardes-à-vue et quelques promotions pour de valeureux magistrats ? De toute manière, contrairement à ce qui a pu être écrit dans la presse continentale, les personnes arrêtées ne sont pas des voyous corses mais de présumés voyous tout court. Nous, Corses, appartenons à cette catégorie de population très particulière grâce auxquelles la simple désignation de notre appartenance suffit à définir le préjugé qui nous suit. Un voyou… corse. Aucun journaliste n’écrirait un voyou ardéchois. Mais on dit nécessairement un bandit corse, comme un voleur de poule gitan. Eh bien nous qui faisons la grève de la faim contre les juridictions d’exception, nous avons l’orgueil d’affirmer que nous construisons aussi quelque chose qui pourrait bien s’avérer être le meilleur moyen de lutte contre les déviances de notre société : la conscience citoyenne. Et je le dis comme je le pense : je commence à en avoir plus qu’assez qu’on me dise : “Non mais vous, Monsieur Culioli, on sait que vous êtes honnête. Mais Alain Orsoni !". Assez de ces rumeurs infâmes qui tuent les individus aussi sûrement que les balles ! Assez de tous ces beaux parleurs qui savent tout sur tout mais ne font rien sur rien. Car en refusant toute alimentation nous agissons. Nous refusons la passivité. Nous appelons la Corse à se révolter contre tous ceux qui prétendent nous asservir à leurs seuls intérêts. En m’inscrivant dans ce mouvement, je n’ai été manipulé par personne. J’ai l’orgueil de me penser libre et responsable. Quant à Alain Orsoni, c’est mon ami et j’emm… ceux que ça dérange. Le courage est du côté de ceux qui se battent non des blablateurs de comptoirs.
Des méthodes odieuses
L’attentat perpétré contre la mairie de Calenzana démontre qu’il y a aujourd’hui un véritable danger de main mise sur notre société d’individus usant de la violence à des fins criminelles. C’est une réalité et nous devons nous convaincre que cette violence prend en otage notre génération mais aussi celle de nos enfants. Il est proprement invraisemblable et odieux qu’un ou des individus parce qu’ils sont en désaccord avec une décision de la mairie s’en vienne nuitamment faire sauter la maison commune. Celui-là ou ceux-là doivent être impitoyablement mis hors d’état de nuire et surtout condamnés sans attendre par une classe politique bien atone. Mais la condamnation de ces sinistres individus doit se faire légalement et dans le respect du droit. Nous ne pouvons exiger des juridictions spéciales ce que nous n’exigerions pas de nos propres compatriotes. Il faut un sursaut. Non pas un sursaut moraliste mais un sursaut collectif. Si nous refusons les juridictions d’exception c’est que nous voulons privilégier la justice locale. Si nous stigmatisons les Ninjas venus de Marseille qui, cagoulés (eux aussi anonymes), enfoncent les portes et terrorisent les familles, ce n’est sûrement pour accepter le fascisme primitif de la voyoucratie fut-elle locale. Alors oui il faut refuser cette tenaille. Notre grève de la faim tient également de cette révolte. Mais elle veut aussi dire que la répression ne règle jamais une situation de crise. L’augmentation de la délinquance est symétrique à celle du chômage, de la désespérance sociale. Si les conditions d’existence des plus démunis ne s’améliorent pas on pourra toujours créer toutes les places de prison qu’on voudra. Les misérables s’exprimeront à leur manière. Si notre grève peut servir à une prise de conscience des Corses, à faire comprendre que l’injustice doit être combattue partout où elle se trouve, alors cela aura valu le coup.
GXC