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UNE CORSE « CALIBRÉE »

jeudi 22 mars 2012, par Journal de la Corse

L’édito d’Aimé Pietri

Lors de la rentrée solennelle de la Cour d’appel de Bastia, il y a deux ans, le procureur général Michel avait annoncé que la « la justice allait lutter contre la prolifération des armes de guerre et de gros calibre fréquemment utilisées dans les règlement de comptes ». Et d’ajouter qu’il avait donné des consignes très strictes aux forces de sécurité pour qu’elles multiplient les contrôles d’identité et les fouilles de véhicules sur réquisition des procureurs d’Ajaccio et de Bastia. On peut encore applaudir aux déclarations de ce magistrat bien intentionné tout en rappelant les résultats dérisoires obtenus. En effet, la passion des Corses pour les armes a fait, au cours des âges, remplir les maisons de mousquets, fusils, pistolets, révolvers et autres engins propres à donner la mort à la seconde près. On sait, par exemple, que les mitraillettes, fusils mitrailleurs, carabines à répétition, parachutés en Corse par les Anglais pour les résistants, n’ont jamais été rendus à la fin de la seconde guerre mondiale malgré les appels répétés des autorités, appels assortis de menaces dont personne ne tint compte un seul instant. On sait aussi que les armes dont disposent aujourd’hui les organisations nationalistes clandestines ne le seront jamais dans le cas d’un cessez-le-feu définitif. Aussi, vouloir saisir celles-ci et celles-là au prétexte qu’elles servent les desseins des assassins relève-t-elle d’une entreprise illusoire. Mais on saluera la volonté de ce procureur général d’appliquer, pour la circonstance, la fameuse formule de Guillaume d’Orange : « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. »

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