L’édito d’Aimé Pietri
La Corse est une île. « Entourée d’eau de toutes parts » avait ajouté un parlementaire corse, voulant sans doute souligner l’isolement dont elle souffrait. Pour le rompre elle n’a disposé, pendant des siècles, que de bateaux occasionnels, misérablement gréés. Et puis, en quelques décennies, grâce au développement des transports maritimes et aériens l’isolement est devenu une simple figure de rhétorique. Ainsi s’est établie une continuité virtuelle, dite territoriale, comme si on avait voulu « continentaliser » la mer. Mais y est-on vraiment parvenus ? Rien n’est moins sûr. De temps à autre, en effet, surviennent des grèves qui paralysent le trafic, laissant les bateaux à quai et les avions sur le tarmac. Afin de rappeler que la Corse reste une île. (1) Pendant des années, la CGT a fait la pluie et le beau temps sur le port de à Marseille, la pluie surtout, car il a fini par perdre son leadership en Méditerranée occidentale. Seule la SNCM a tenu le haut de la vague, grâce aux apports de l’Etat Providence qui lui avait permis d’augmenter ses effectifs et d’acheter des navires de plus en plus gros, de plus en plus chers. Mais il a fini par retirer ses billes et la compagnie a donné de la gîte. Les syndicats sont donc montés au créneau réclamant le maintien de la société dans le giron de l’Etat ou à défaut celui de la Collectivité territoriale. Le rêve est fini, les déboires commencent. Aucune grève, aucun blocage si longs soient-ils ne résoudront ce problème. La SNCM en est réduite à s’offrir pour l’euro symbolique. C’est dire…
(1) Seule Corsica ferries est parvenue à prouver le contraire.