Affaire Diallo contre Strauss-Kahn. L’une a le droit au respect, l’autre à la présomption d’innocence. Nous ne nous en mêlerons donc pas pour ne nuire à personne. En effet, nous donnerions à l’une des deux parties ce que nous enlèverions à l’autre. Qui ne voit que dès que l’on outrepasse la neutralité du silence on tombe dans une réfutation indirecte.
Si A est innocent, B est coupable et vice-versa. Par contre il ne nous est pas défendu d’analyser la situation politique du parti socialiste. Les sondages répétés et têtus donnaient DSK comme le mieux placé pour gagner. Mais les jours passent vite et malgré l’invocation rituelle à la décence, les candidats nouveaux aux primaires socialistes se bousculent déjà au portillon. La mouvance strausskahnienne, d’hier, avec ses alliés, des accords de Marakesh, n’attend même pas la démission de son chef pour proclamer ses « envies ». Il y avait quatre candidats à la candidature jusqu’ici. Trois autres s’avancent déjà sur la scène médiatique. Alors, ce que les socialistes appellent des courants font penser aux clientèles claniques corses et leur course aux places. Certes des questions idéologiques et programmatiques peuvent s’afficher. C’est la face « Bien public » des partis. Mais les dirigeants, sans y prêter attention, viennent de lever le voile sur leur face sombre, à quelques exceptions près. Ce mauvais côté c’est ce que nous appelons en Corse « l’esprit de clan ». Il tient lieu de toute vertu. C’est la prise en compte prioritaire des intérêts particuliers et des passions personnelles. Les chefs et chefaillons socialistes, abondamment verbeux se sont précipités sur les écrans de télévision au prétexte de défendre Dominique Strauss-Kahn, leur « ami » à les en croire. Mais jamais on n’a entendu de véritables cris du cœur, la voix qui s’étrangle un instant ou la larme furtive venant tout à coup baigner le cil. Non, aucune de ces expressions, et non plus de ces images fortes qu’un élan véritablement naturel sait donner, aucune émotion ressentie. Au contraire nous n’avons entendu que des ratiocinations juridiques sur la procédure et la « présomption d’innocence » sèches comme le figuier de l’Evangile. Et toujours cet argument précautionneux de mise à distance « ce n’est pas l’ami que j’ai connu » qui contredisait l’amitié. Car, un ami, n’est-ce pas un autre soi même ? (Au surplus cela était faux comme on l’apprendra par la suite). Et pourtant, l’homme tombé du plus haut pouvait nous émouvoir et nous a émus comme le Christ aux liens sur les peintures de nos vieilles églises. Ce n’était plus le coupable possible, mais le Samson « objet de risée » des Philistins. « Ce pauvre prisonnier qu’on raille et qu’on tourmente… ce vaincu courbant son front noir de nuage. » Non, ce n’étaient ni des amis, ni des gens de cœur pour la plupart, ceux qu’on entendait. Seulement des possédés du pouvoir qui voyaient se barrer la route qui y menait. Ils tentaient avant tout de forcer le passage en affirmant l’existence de complots abracadabrantesques. Et que dire de tout le sexisme et le racisme de classe sous-jacents dans leur oubli de la femme de ménage du Sofitel, Madame Nafissatou Diallo, ce condensé de la misère humaine à elle seule, en tout état de cause. Ce serait cela le parti socialiste de Jean Jaurès, de Léon Blum et de François Mitterrand ? Nous ne le croyons pas. Un seul mot encore, sur la fin de l’audience du tribunal de New York. Tout à coup, nous avons pu apercevoir Anne Sinclair, incomparable de dignité. Son regard plein d’amour pour l’homme abattu a traversé ce pandémonium comme un éclair d’humanité. Il valait mieux à lui tout seul que tout le reste des commentaires. Il a pu redonner à bien des gens la véritable confiance dans l’avenir des hommes et des femmes.
Marc’Aureliu Pietrasanta