La décision de justice concernant les conséquences de Tchernobyl n’est pas simplement un déni de justice. C’est aussi une grave faute politique. Dans une période de crise telle que nous la vivons, les magistrats auraient été bien inspirés de prendre en compte les plaintes des 630 personnes malades des radiations et des dizaines de milliers d’autres qui se sont tues par lassitude, fatalisme ou méconnaissance de leurs droits.
Une justice aveugle et imbécile
Les mots servent à définir des situations des attitudes. Alors il faut être direct : les magistrats qui ont nié les conséquences du nuage de Tchernobyl sont des imbéciles ou des fumistes. J’exclus le terme de salaud qui pourrait être mal pris. Je ne vois pas très bien pourquoi je considérerais que ces juges ont forcément raison sur tout et que ces Jean Bouche d’or ont le droit de fouler aux pieds la douleur, le chagrin de milliers de personnes sans que nous qui appartenons à ce peuple au nom duquel ils rendent leurs sentences soyons réduits à être des bénis oui oui confits dans l’accablement. Car nous savons tous que chez nous en Corse, les cancers de la thyroïde ont explosé après le passage du nuage de Tchernobyl. Les responsabilités sanitaires restaient à établir. Ce travail commençait par le ministre de l’industrie de l’époque, M. Madelin qui n’a rien fait pour prévenir les populations des risques encourus. On trouvait ensuite dans l’ombre de son ombre l’inénarrable Pèlerin qui avait déclaré à peu de choses près que le nuage de Tchernobyl respecterait la frontière française, cette ligne Maginot des risques sanitaires. En rendant son arrêt, la justice française s’est alignée sur ces crétineries qui flirtent tout de même avec la saloperie.
La tête dans le sable
Tout cela serait infiniment risible si évidemment il n’y avait pas eu ce cortège de malades et de morts. Mais le pire est la négation de ces conséquences. On feint de croire que tout cela n’a pas eu lieu. Les cancers ? Un hasard. Tchernobyl n’a pas eu de conséquences. Circulez… Il n’y a rien à voir. IL faut d’ailleurs mettre en parallèle l’attitude somme toute très latine des autorités françaises dont la devise principielle semble être dans tous les domaines « pas vu pas pris » et celles des autorités allemandes qui ont aussitôt multiplié les messages d’alerte et de conseils. Le problème est que de fourrer sa tête dans le sable pour ne pas voir le danger n’a jamais éliminé le danger en question. Mais il est vrai que ce ne sont pas les magistrats de la Cour d’Appel qui ont été touchés dans leur chair.
Une vive réaction en Corse
L’Assemblée de Corse est appelée à se prononcer contre le non-lieu de la cour d’appel de Paris dans l’enquête sur l’impact du nuage radioactif de Tchernobyl en France. L’initiative en revient à Jean Guy Talamoni, membre de la Commission Tchernobyl de l’Assemblée. La motion sera présentée le 7 octobre. Les membres de la commission Tchernobyl souhaitent également se rendre à Paris pour tenir une « conférence de presse internationale destinée à prendre à témoin l’opinion publique européenne sur ce scandale judiciaire ». Pour sa présidente, Josette Risterucci, une enquête épidémiologique est plus que jamais d’actualité, malgré l’extinction de l’action pénale. La Collectivité a d’ailleurs décidé d’y mettre les moyens nécessaires. Ce juste combat rappelle ceux contre l’implantation d’un site nucléaire à l’Arinella dans les années 60 et celui contre les Boues rouges une décennie plus tard. Un juste droit ne se mendie pas, il se conquiert. Il serait bon que les magistrats de la Cour d’Appel sachent qu’ils ne sont rien quand le peuple les juge indigne de rendre la justice.
GXC