Tabac, tout part en fumée
Le 15 juillet, le prix des clopes a augmenté, 20 centimes de plus pour le paquet de cigarettes et 40 centimes pour les paquets de tabac à rouler. Cette hausse serait une façon de lutter contre le tabac, qui deviendrait produit non grata dans tous les lieux publics, y compris sur la plage. Bikini et clope, le duo perdant de l’été.
Question de prix
Même s’il ne s’agit pas des 30 à 40 centimes annoncés en juin, la hausse est largement supportée par les consommateurs, résignés. À compter du 15 juillet 2013, les prix du tabac ont augmenté, comme prévu par l’arrêté les homologuant. Cette augmentation prolonge les hausses antérieures de 2009, 2010, 2011 et 2012 (la précédente hausse qui était de 40 centimes datait de novembre 2012). À noter que les prix du tabac sont établis par l’État qui détermine non seulement le montant des taxes, mais aussi les augmentations des prix, proposées par les fabricants. Cette augmentation du tabac, considéré comme une des premières causes de mortalité en France (le tabac tue 200 personnes par jour), était prévue dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2012. Un coup dur pour la bourse des fumeurs qui ont l’air de mieux encaisser que les buralistes qui ont la dent dure contre le gouvernement. Celui-ci argue agir pour le bien des consommateurs. Bernard Cazeneuve, ministre délégué chargé du Budget a déclaré que « Le niveau des prix du tabac en France, le plus élevé de l’Europe continentale, est le reflet de l’action du Gouvernement pour modérer la consommation de tabac. Cette détermination se traduit également au niveau européen par la position exprimée de la France en faveur d’une convergence vers des prix du tabac élevés dans l’ensemble de l’Union ».
Tout part en fumée
Impactées par ces mesures, les ventes officielles
de cigarettes baissent d’ailleurs en volume :
8,6 % au premier trimestre 2013. La
concurrence avec les autres pays européens
est rude pour les buralistes frontaliers (près de
60 buralistes des Alpes-Maritimes, directement
concurrencés par l’Italie, ont fermé leurs
portes en dix ans). Autre action gouvernementale
dissuasive, celle d’interdire les
fumeurs devant les écoles, les cités universitaires,
dans les parcs ou à la plage pour obtenir « plus
d’espaces publics sans tabac ». La ministre de
la Santé Marisol Touraine lance une «
mobilisation générale contre le tabac ». La
hausse des prix n’est donc pas le seul axe de
la lutte anti-tabac, qui ne saurait donc se
réduire à une politique fiscale, alors que les
taxes sont très importantes sur ces prix. Pour
l’instant, et jusqu’en 2015, la Corse conserve
son régime dérogatoire visant à compenser le
« handicap » lié à l’insularité, à savoir que le
tabac coûte 25% de moins que sur le continent.
En effet, les tabacs manufacturés, vendus au
détail ou importés dans les départements de
Corse, sont soumis à un droit de consommation,
affecté au financement de travaux de mise en
valeur de la Corse (un quart pour le budget des
départements de la Corse et trois quarts pour
le budget de la collectivité territoriale de
Corse). En d’autres termes, pour les cigarettes,
le prix de vente au détail appliqué dans les
départements de Corse est au moins égal à 75
% des prix de vente continentaux des mêmes
produits ; pour les tabacs fine coupe destinés
à rouler les cigarettes, les autres tabacs à
fumer, les tabacs à priser et les tabacs à
mâcher, le prix de vente au détail appliqué dans
les départements de Corse est au moins égal
aux deux tiers des prix continentaux des
mêmes produits ; pour les cigares et les
cigarillos, le prix de vente au détail appliqué
dans les départements de Corse est au moins
égal à 85 % des prix continentaux des mêmes
produits.
Controverse sur l’e-clope
Si le prix n’est pas assez dissuasif pour lutter contre le tabagisme, il reste les campagnes de prévention. Le tabac est un produit psychoactif manufacturé élaboré à partir de feuilles séchées de plantes de tabac, dont l’usage s’est largement répandu dans le monde entier. Il est composé de nicotine, substance pouvant être à l’origine de dépendance. La tabagisme est aussi reconnu nocif par les autorités de santé, qui comptabilisent les morts liés au tabac. Les médecins ont établi que la réduction du nombre de cigarettes fumées ne devrait être qu’une étape vers le sevrage. Si le sevrage peut s’envisager avec des substituts nicotiniques, seul l’arrêt complet signifie une baisse des décès liés au tabac. L’e-cigarette suscite à ce sujet moult controverses en ce sens qu’elle représente un risque incitatif.
Maria Mariana