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Sombre avenir pour la Méditerranée

jeudi 4 octobre 2012, par Journal de la Corse

Parce qu’elle est une île méditerranéenne la Corse devra tenir compte dans l’avenir d’au moins deux paris : d’une part les pays de la Méditerranée ne cessent de creuser leur déficit écologique et utilisent désormais deux fois et demi plus de ressources que fournies par leurs écosystèmes ; la gestion d’une eau qui va devenir de plus en plus rare au fil des décennies d’autre part.

Déficit écologique pour la Méditerranée

Le think tank Global Footprint Network juge dangereux le déficit écologique creusé par les pays du pourtour méditerranéen.

Entre 1971 et 2008, année la plus récente pour les données disponibles, la région méditerranéenne a presque triplé ses demandes en ressources et services écologiques, indique le rapport réalisé avec le soutien de l’Unesco.

Et aujourd’hui la région utilise environ deux fois et demie plus de ressources naturelles et services écologiques que ne peuvent fournir ses écosystèmes.

Les plus grands débiteurs de la région étaient en 2008 les plus riches soit l’Italie, l’Espagne et la France, qui à eux seuls contribuent pour plus de 50% de l’empreinte écologique. Ils étaient suivis par la Turquie et l’Égypte.

C’est l’Algérie qui a été le plus mauvais élève, en passant d’une grande réserve en 1961 à un large déficit en 2008. Le seul créditeur de la région est le Monténégro.

Le problème, relève le think tank, est que les pays méditerranéens se retrouvent de plus en plus dépendants des actifs écologiques d’autres régions, dans un contexte global de raréfaction des ressources où la compétition est donc de plus en plus tendue.

La gestion de l’eau et le défi climatique

La France méditerranéenne connaît déjà des situations de pénurie d’eau sur 40% de son territoire. Dans un rapport publié le 19 septembre, l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse prévoit une perte de durée d’enneigement de moitié au sud des Alpes dès 2030, due à la conjonction de la diminution des chutes de neige et à une accélération de leur fonte. Le manteau neigeux pourrait disparaître au printemps dans les basses et moyennes altitudes dès 2080. 
De ce fait, le débit des rivières en été chutera parce qu’il ne sera plus aussi bien soutenu par la longue fonte des neiges et que les sols seront plus secs. En 2050, les affluents non méditerranéens du Rhône perdraient ainsi 20 à 50% d’eau en été et en automne, et jusqu’à 75% en été pour l’Isère et la Durance. Les fleuves du Languedoc-Roussillon pourraient perdre 30 à 80% de débit en 2080. À l’échelle du bassin Rhône-Méditerranée et Corse, les scientifiques situent la montée des températures en moyenne annuelle entre 1 et 2°C d’ici 2030 puis de 3 à 6°C à l’horizon 2080. Une pointe à +10°C au mois d’août est même envisagée.

Une montée des eaux

Les aquifères littoraux, affectés par une baisse de la recharge, pourraient être aussi menacés de salinisation due à l’élévation du niveau de la mer. En effet, il est vraisemblable que la Méditerranée montera sans qu’il soit encore possible de préciser de quelle hauteur. Les poissons d’eau douce et d’eau de mer seront fortement perturbés. En 30 ans, les eaux du Rhône se sont déjà réchauffées de 2°C à son embouchure en été. Seuls les cours d’eau comme l’Isère, l’Arve ou le Rhône amont pourraient être moins touchés du fait de l’influence des glaciers, tant qu’ils fondent. Les aires de répartition des poissons vont se déplacer vers le nord et en altitude. La Méditerranée elle-même pourrait se réchauffer de 3°C d’ici 2080 et devenir plus acide, avec un pH tombant de 8,1 actuellement à 7,7 en 2100 par dilution de CO2, ce qui représente une menace pour le calcaire des coquilles. Sur 75 espèces de poissons endémiques, 50 verraient leurs habitats fragmentés ou réduits et 14 disparaîtront probablement.

Des prévisions à établir

Ces données sont naturellement très préoccupantes et posent la question de la vulnérabilité de nombreuses activités - sports d’hiver de moyenne montagne, refroidissement sur le cours du Rhône pour les centrales nucléaires, agriculture, approvisionnement en eau potable et bien sûr survie des milieux aquatiques. 
Le futur plan de bassin d’adaptation au changement climatique que l’agence de l’eau pilote, avec l’Etat et les cinq conseils régionaux de la zone, va s’appuyer sur ces travaux. Du pain sur la planche pour les prochaines assemblées de notre île.

GXC

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