Des trains, un nuage et des billets d’avion
Session studieuse pour les 51 élus territoriaux qui ont examiné de nombreux dossiers entre les 31 mars et 1er avril. Il a été notamment question des AMG 800, des nuages radioactifs de Tchernobyl et Fukushima et des tarifs des billets d’avion d’Air Corsica revus à la hausse.
La session a débuté, selon le vœu de Dominique Bucchini, par une minute de silence en hommage à Dominique Domarchi, assassiné le 21 mars dans sa maison de San’ Andrea di Cotone. « La première des valeurs est celle du respect de la vie humaine, a énoncé Dominique Bucchini. Son caractère sacré doit rester inviolable et il n’est jamais inutile de le rappeler : en Corse comme ailleurs, aucune cause ne mérite la mort d’un homme. (…) Cet assassinat doit nous interpeller, aussi, sur les risques de banalisation du crime. A force de se succéder, les homicides se banalisent pour devenir des faits divers. Un meurtre a vite fait d’en effacer un autre, et ainsi la société corse assiste, impuissante, à son délitement progressif ».
Le retour des AMG 800
Puis ont commencé les questions orales. Jean-Guy Talamoni s’est inquiété de la remise en circulation de certaines AMG 800 à partir de cet été, rames retirées des rails l’an dernier pour question de sécurité. Le conseiller exécutif en charge des transports, Paul-Marie Bartoli, a rassuré l’hémicycle en rappelant que la remise en circulation des autorails était effectuée après avoir passé les essais de validation et de performance sous l’œil vigilant du centre d’ingénierie du matériel de la SNCF. Quatre AMG 800 seront réutilisés dès juillet ; le parc entier composé de sept locomotives devrait être de retour sur le chemin de fer corse d’ici décembre. Si les modifications techniques restent à la charge du constructeur, la CTC espère être remboursée pou le préjudice lié à l’immobilisation des autorails grâce à la procédure judiciaire engagée à son initiative.
Le nuage de Fukushima, inoffensif ?
L’actualité récente du Japon sonne comme une piqûre de rappel en France et surtout en Corse, fortement contaminée par le nuage radioactif de Tchernobyl en 1986. Et Fabienne Giovannini, qui préside de l’Observatoire Régional de la Santé et fait partie de la commission Tchernobyl, a sollicité de la CTC une exigence de transparence de la part de l’Etat. « Des émissions radioactives de très fortes intensités s’échappent depuis le 11 mars et encore aujourd’hui malgré les efforts déployés par les responsables de la centrale de Fukushima. Un panache radioactif s’est constitué, il a atteint la France le 23 mars. Nul ne sait combien de temps encore cette situation durera. Quoique l’on dise pour rassurer les populations, il y aura des conséquences pour une grande part de la planète durant des décennies. Les autorités françaises minimisent ce risque. Première puissance nucléaire, jamais, la France n’a prévu un phénomène de cette ampleur. Or, une évidence saute aux yeux aujourd’hui, et le drame de Fukushima nous le rappelle : 25 ans après Tchernobyl, l’humanité est à nouveau alertée par l’impossible sûreté de l’énergie nucléaire ». Paul Giacobbi a alors annoncé avoir envoyé avec Dominique Bucchini une lettre au ministre de la Justice, Michel Mercier, au sujet de l’éventualité étudiée par la Chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris de clôturer l’enquête sur les conséquences sanitaires du nuage radioactif de Tchernobyl. « Ça me choque profondément », a déclaré Paul Giacobbi qui a souligné qu’ « un registre des cancers est le seul moyen de progresser dans l’épidémiologie ». La CTC prévoit de lancer un appel d’offre européen avant la fin du premier semestre pour confier ce registre des cancers à un organisme indépendant.
Plus chers billets d’avion
Parmi les délibérations figurait celle relative au « relèvement des tarifs des traversées aériennes bord à bord ». Air Corsica a en effet sollicité de la part de la CTC une augmentation des prix des billets pour faire face à l’augmentation des prix des carburants et donc du kérosène. Dans les travées, la perspective de cette progression de 4.5% des prix des billets à destination de Paris, Nice et Marseille ne fait pas l’unanimité. Véronique Sciaretti estime que « ce n’est pas une solution pour l’usager », propose de plutôt « creuser la piste de la TIPP » (taxe intérieure des produits pétroliers) et déclare que Corsica Libera votera contre cette augmentation. Les communistes, par la voix de Michel Stefani, ont exprimé eux aussi leur désaccord. Le groupe Femu a Corsica a choisi quant à lui de s’abstenir. Le conseil exécutif a pu compter sur l’adhésion des élus de droite et des trois groupes de gauche pour valider cette hausse de 4.5%. Paul-Marie Bartoli a dénoncé l’attitude de la Corsica Ferries qui a profité de la grève à la SNCM pour pratiquer des prix exorbitants. Un comportement choquant de la part d’une compagnie qui prétend sous-missionner à la desserte maritime de service public, selon Paul-Marie Bartoli.
M.K