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Service public ferroviaire

jeudi 24 février 2011, par Journal de la Corse

Train

Train-train assuré !

Tous les acquis seront-ils remis en cause par le renouvellement du contrat d’exploitation du service public ? Heureusement, non ! La CTC entend imposer une qualité optimale du service public. Ouf…

La Collectivité Territoriale va renouveler le contrat d’exploitation du service public des chemins de fer. A la lecture du rapport de la CTC, il apparaît que la convention précédemment signée avait pour date d’échéance le 31 août 2010. Cependant, la CTC a jugé nécessaire de prolonger d’un an la convention « pour motif d’intérêt général » et « afin d’organiser dans les meilleures conditions possibles le futur contrat de délégation de service public tout en assurant la continuité du transport ferroviaire ». Au vu des actuelles conditions de transport et des coûts, les passagers et les contribuables ne peuvent bien entendu qu’apprécier les délicieux considérants expliquant le délai que s’est octroyé la CTC. Durant cette année supplémentaire, le niveau de trafic est certes passé d’une offre kilométrique de 733 000 à 994 565 kilomètres. Mais quelle offre ! Le passager jongle avec les horaires, les jours ouvrables et autres dimanches et jours fériés. Il accepte sans rechigner les ruptures de charge train / autocar sur des terrains vagues, en étant exposé à la pluie, au vent et au froid. Il se soumet à plus de trois heures de trajet pour aller d’Ajaccio à Bastia et aux fréquents retards. Il endure d’emprunter des rames vétustes, crasseuses, inconfortables et bruyantes alors que, par faute de l’incurie de l’ensemble de la classe politique depuis 10 ans, sept rames neuves dorment sur les voies de garage d’Ajaccio et Bastia. Enfin, dans la chaleur étouffante de l’été, ce même passager subit la promiscuité de hordes de randonneurs et campeurs transpirants qui occasionnent des dizaines de minutes de retard car il faut charger et décharger leurs sacs à dos, matériel de camping et vélos. Quant au contribuable, il assume la majeure partie des coûts. En effet, sur un chiffre d’affaires de 24, 5 M€ en 2009, 18 M€ (74 %) avaient pour provenance la contribution de la CTC et 3,2 M€ (13 %) les recettes voyageurs. Pour relativiser le caractère douloureux de la note à payer, il apparaît que 11, 6 M€ sont consacrés à rétribuer le Personnel et 6,2 M€ reviennent à la CTC sous la forme d’une redevance. On se console comme on peut…

Matière à être rassurés et contents

Le rapport de la CTC qui se veut décidemment délicieux précise que le développement du chemin de fer est une « réponse nécessaire » à plusieurs enjeux. Le chemin de fer limiterait la dépendance à la voiture (l’usage intensif du car pour remplacer les rames neuves défaillantes y contribue assurément très fortement). Il améliorerait l’accessibilité des transports en commun et désenclaverait le centre de l’île marqué par un vieillissement de la population (les temps de trajet interminables et le « confort africain » constituent évidemment des facteurs d’attractivité et une incitation à voyager pour les personnes âgées). Il déterminerait une meilleure efficacité des lignes Bastia / Ajaccio et Ponte-Leccia / Calvi (les nombreux retards ainsi les horaires variables de la correspondance à Ponte-Leccia pour gagner se rendre en Balagne représentent sans contestation possible les preuves les plus flagrantes de cette efficacité). Selon la CTC, le chemin de fer permettrait aussi de limiter l’usage de la voiture personnelle pour les déplacements quotidiens dans les grandes agglomérations (les embouteillages aux centres et aux périphéries d’Ajaccio et Bastia rappellent constamment l’attractivité du train et son apport éminent à la fluidité de la circulation automobile). Tous ces acquis seront-ils remis en cause par le renouvellement du contrat d’exploitation du service public ? Heureusement, non ! La CTC entend imposer que la gestion de son réseau ferroviaire soit à la hauteur des « enjeux rappelés ci-avant » et permette « d’assurer un développement et une qualité optimale du service public ». Passagers et contribuables ont matière à être rassurés et contents.

Alexandra Sereni

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