La démocratie gagnerait à ce que la règle des 500 parrainages soit remplacée par l’obligation pour chaque candidat de réunir des signatures de citoyens.
La règle des 500 parrainages d’élus qui pénalise les « petits » candidats lors des scrutins présidentiels, a le don de me rendre furibarde. Elle représente pour chaque candidat la participation à un tour préliminaire qui ne dit pas son nom et nuit à la démocratie. Ces parrains écrèment pour nous ! Certes, il convient d’éviter que se présentent des fantaisistes. En revanche, il n’est pas bon que l’expression d’idées et le droit de voter selon ses convictions, soient altérés par le fait qu’une poignée d’élus ait ou non apposé leurs signatures sur un formulaire. Si une sélection s’impose, il importe qu’elle relève du peuple et non d’une forme larvée de scrutin indirect. D’autant que la plupart des élus sont loin d’être des hommes libres. Ils doivent - vu que le nom du parrain et parrainé sont rendus publics - rendre des comptes à leurs administrés. Il leur faut aussi surmonter des critiques venant des militants du parti dont ils sont adhérents ou auquel ils sont apparentés. Mais tout cela n’est rien comparé aux pressions affichées ou dissimulées qu’exercent les élus influents et les appareils partisans.
Des élus entravés
Un maire de village n’est pas en mesure de résister à « l’amicale recommandation » d’un président de conseil général ou régional, d’accorder ou refuser sa signature. Il sait que passer outre risquerait de le priver de subventions, ou du moins ralentirait ou rendrait aléatoire l’attribution de celles demandées au titre d’actions non récurrentes ; en particulier celles devant aider à financer la construction ou la modernisation d’un équipement, la réalisation d’un événement, une nouvelle action économique, sociale ou culturelle. Un élu ayant obtenu son mandat dans le cadre d’un scrutin de liste ou dont la notoriété et l’assise encore insuffisante nécessite l’investiture et le soutien matériel d’un parti politique, n’a, lui non plus, aucune latitude d’ignorer la consigne de ne signer pour personne hormis pour un candidat dudit parti. Ces élus « entravés » peuvent aussi être soumis à des pressions leur enjoignant de devenir parrains d’un candidat, parce que les états-majors parisiens auront jugé bon que ce dernier obtienne 500 signatures et puisse ainsi représenter une gêne pour un autre candidat. Ainsi, leur présence au premier tour du scrutin présidentiel pouvant « enquiquiner » Nicolas Sarkozy, il ne serait pas étonnant que les candidats de droite Dominique de Villepin et Nicolas Dupont-Aignan bénéficient de parrainages de gauche si quelques signatures leur manquaient.
200.000 au lieu de 500 !
Tout cela me conduit à considérer que la démocratie gagnerait à ce que la règle des 500 parrainages soit remplacée par l’obligation pour chaque candidat de réunir des signatures de citoyens. Pourquoi ne pas soumettre le droit de se présenter aux présidentielles à la fourniture de 200.000 signatures authentifiées de personnes inscrites sur les listes électorales ? Cela serait bien plus démocratique que devoir fournir 500 signatures d’élus partisans ou « sous contrôle ». Cela exclurait les candidatures fantaisistes. Enfin, cela éviterait que des courants de pensée pouvant alimenter les débats, soient écartés du scrutin qui, en l’état actuel des institutions, représente le rendez-vous démocratique majeur. A tout prendre, subir des discours que j’exècre me paraît préférable à l’absence de candidats ayant une réelle assise électorale. Le « facho » ou le « guignolo », je suis assez grande pour l’identifier moi-même…
Alexandra Sereni