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Sauver la Méditerranée

jeudi 17 janvier 2013, par Journal de la Corse

Alors que le monde scientifique pointe les dérèglements climatiques de plus en plus violents et imprévisibles, un rapport parlementaire pointe les dangers qui menacent la Méditerranée.

Une mer fermée et donc fragile

Avec un peu plus de 2,5 millions de km2, la Méditerranée ne représente que 1% de la surface maritime de la planète. Elle voit pourtant passer 30% du trafic maritime mondial ce qui a pour conséquence des pollutions majeures dans un volume qui a du mal à se renouveler. Aujourd’hui avec le réchauffement climatique, sa surface surchauffée évapore plus d’eau qu’elle n’en reçoit des fleuves tributaires. Elle compense en « aspirant » de l’eau de l’Atlantique et de la Mer noire. On estime qu’il lui faudrait un siècle pour se renouveler à la condition de ne plus subir de pollutions.

Le rapport Courteau

Un rapport parlementaire quasi exhaustif dirigé par le sénateur de l’Aude Roland Courteau dresse le bilan des pollutions en Méditerranée et fait dix propositions destinées à sauver la mer Méditerranée. Le premier constat est que la Méditerranée est malade, très malade et pourrait même devenir agonisante selon le sénateur socialiste Roland Courteau. Son rapport sera présenté en audition publique à la chambre début février. Il synthétise le travail de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. Le groupe composé de 18 sénateurs et 18 députés a enquêté en France et dans tous les pays riverains et auditionné plus de 200 scientifiques. Le diagnostic du rapport est formel : les diverses pollutions qui empoisonnent la mer Méditerranée menacent désormais son existence. Fait exceptionnel, les parlementaires n’ont éludé aucune question concernant la situation actuelle.

Des pollutions d’origine humaine

La Corse avait été la première à entrer en lutte contre les pollutions chimiques provoquées par les déversements de boues de mercure par la société Montedison. Or aujourd’hui les pollutions d’origine chimique liées à l’activité industrielle des bassins versants ne cessent de croître et il devient de plus en plus complexe de mesurer les effets. Ainsi, le rapport alerte notamment les pays riverains sur l’absence de réglementation et de programme satisfaisant « pour se débarrasser des « montagnes » de déchets générés par l’économie informatique, des appareils de plus en plus nombreux qui ont une durée de vie très limitée ». La pression touristique n’échappe pas à une analyse plutôt pessimiste. Outre les flux saisonniers de population difficiles à gérer sur le plan écologique, les parlementaires ont constaté qu’en France, par exemple, on compte en moyenne un port tous les 15 kilomètres sur le littoral ce qui perturbe considérablement un biotope fragile et qui abrite encore une grande partie de la biodiversité des océans. Et les 200 pages mettent également en garde les pays méditerranéens contre les pollutions d’origine agricole, ou encore la dégradation des plastiques qui en fait ne disparaissent pas mais se fragmentent en particules de quelques microns pour perturber dans des proportions très importantes la survie du phytoplancton et par voie de conséquence de toutes les espèces.

Se mobiliser dans l’urgence

« La Méditerranée est victime des pollutions passées, est-il écrit dans le rapport Roland Courteau. Elle est aussi atteinte par les pollutions présentes et sera soumise à l’horizon d’une génération à une pression de pollution d’origine humaine de plus en plus forte dont les conséquences seront démultipliées par les effets attendus du changement climatique ». Sur la base de ce constat « qui n’incite pas à l’optimisme, note encore le sénateur, il est temps d’agir. » Il présentera début février, devant ses collègues, 10 mesures touchant à tous les domaines abordés dans ce rapport pour inverser la tendance à l’horizon 2030. Seule une mobilisation de tous les citoyens concernés, c’est-à-dire ceux qui vivent sur les rives de la Méditerranée, permettra peut-être de différer une mort programmée de cette mer qui a vu naître et grandir la civilisation dont une partie de l’humanité est issue.

GXC

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