L’Agence Régionale de la Santé prend son temps. Peu lui importe que la santé de toute une population soit menacée.
L’IRM (Imagerie à résonance magnétique) d’Ajaccio est en panne et sera inutilisable durant plusieurs semaines. Pour que l’île ne soit pas totalement privée de cet équipement vital en matière de diagnostic ou d’évaluation de pathologies lourdes, il a fallu reporter le changement d’IRM qui était prévu au centre hospitalier de Bastia. Le démontage de l’ancien matériel qui aurait du commencer début décembre, a été repoussé à une date restant à fixer. Cette situation devrait rendre évidente la nécessité de disposer d’une IRM supplémentaire en Haute-Corse. Eh bien, il n’est est rien. Malgré toutes les requêtes déposées en ce sens par les milieux médicaux, l’autorisation de mise en place de cet équipement est sans cesse différée par les autorités sanitaires. Il n’est donc possible ni de pallier efficacement à des défaillances du matériel, ni de répondre à la demande des patients dans des délais raisonnables. A en croire les professionnels de la médecine, certains malades de Haute-Corse subiraient des délais d’attente pouvant être supérieurs à trois mois, Mais rien n’y fait, l’ARS (Agence Régionale de la Santé) prend son temps. Peu lui importe que la santé de toute une population soit ainsi menacée ! Peu lui chaut qu’une pétition ait recueilli plus de 20.000 signatures ! Peu la concerne une motion votée à l’unanimité par l’Assemblée de Corse ! Depuis la première demande d’autorisation pour obtenir une deuxième IRM déposée en 2007 et chaque semestre, le dossier est invariablement déposé et renvoyé. Certes, à ce jour, un accord de principe de l’ARS a été enfin obtenu. Mais rien ne pourra, au mieux, être prêt avant deux années.
Un équipement indispensable
En effet, après un éventuel accord définitif, il faudra exécuter des formalités administratives, réaliser des travaux d’installation et satisfaire à des opérations de mise en service. Aussi, n’en déplaise à l’ARS, chaque jour perdu contribue à constituer un scandale médical. D’autant que, même avec l’appoint d’une IRM qui sera probablement installée à Porto-Vecchio, seule la Corse-du-Sud connaîtra vraiment une situation meilleure. Pourtant l’IRM est indispensable dans la médecine actuelle, particulièrement pour répondre aux exigences médicales des plans Cancer et Accident Vasculaire Cérébral. Ce qui revient à dire que du côté de l’ARS, l’évolution de l’état des malades n’entre guère en ligne de compte. On peut d’autant plus s’interroger sur la situation ainsi créée, que la deuxième IRM de Haute-Corse pourrait être implantée sans le moindre financement public car l’investissement indispensable (plus d’un million d’euros) serait pris en charge par la médecine privée. De quoi donner raison à tous ceux qui, dans cette île, en viennent à considérer que la population insulaire compte pour du beurre dans les préoccupations des sphères de pouvoir prenant leurs ordres à Paris. De quoi aussi se poser des questions quant à l’éthique de fonctionnaires ayant, en principe, pour devoir de veiller à ce que les populations disposent d’un système de santé performant et régi par l’esprit d’Esculape. Enfin, de quoi se dire, qu’attendons-nous - nous Corses si prompts à se mobiliser pour les posidonies, une équipe de football ou des chiens sans collier - pour manifester massivement sous les fenêtres de l’ARS afin de faire savoir que trop c’est trop.
Alexandra Sereni