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Ruptures ibériques

jeudi 6 décembre 2012, par Journal de la Corse

Les élections régionales anticipées du 25 novembre ont marqué un recul des nationalistes modérés du parti d’Artur Mas, le président de la Catalogne, qui espérait obtenir une majorité absolue ce qui lui aurait permis d’organiser un référendum sur l’indépendance. Et si les indépendantistes ont gagné des sièges le résultat montre une radicalisation du vote souverainiste.

Une radicalisation souverainiste

Les observateurs semblent d’accord sur un constat : c’est l’ordre établi en général qui vient de remporter les élections catalanes. Le nouveau parlement reste majoritairement souverainiste. Il est vraisemblable que dans les semaines à venir va se former une coalition de gouvernement de tendance nationaliste puisque Convergència i Unió (CiU) et Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) totalisent 71 députés, soit plus qu’il n’en faut pour former ensemble un exécutif stable. Il est tout aussi vraisemblable que cette majorité aura pour objectif central d’organiser un référendum d’autodétermination. Néanmoins, la clef de voûte du nationalisme catalan, le CiU d’Artur Mas a reçu un sévère avertissement. Madrid peut s’estimer satisfait puisque les forces souverainistes se sont elles aussi rééquilibrées créant une émulation qui favorise le statu quo. La grande fédération nationaliste catalane reste la voie d’expression privilégiée des classes moyennes catalanes laminées par la crise. Mais désormais elles subissent une poussée à gauche qui à terme va poser un grave problème à Madrid qui, pour l’instant, insiste sur le semi-échec d’Artur Mas. Mais la capitale espagnole va devoir compter avec cette radicalisation qui fait écho à celle du Pays Basque où désormais ETA propose de déposer les armes.

Refus des gouvernements français et espagnols

Les réactions au communiqué d’ETA dans lequel l’organisation se disait prête à un dialogue autour des conséquences du conflit, incluant son désarmement et sa possible dissolution et publié dimanche dans le quotidien Gara ont été plutôt positives en Pays Basque où l’on estime que Paris et Madrid doivent saisir la main qui est tendue par ETA. Malheureusement, tout à leur logique uniquement répressive, les gouvernements espagnol et français ont rejeté l’offre de dialogue qui n’a qu’un seul but : permettre une paix des braves d’où chacun sortira la tête haute. Madrid qui a dit refuser tout dialogue avec “les terroristes” a affirmé par le biais de son ministre de l’Intérieur “le seul communiqué que nous attendons est celui de la dissolution inconditionnelle.” Hier, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, a lui réitéré le soutien total de Paris à Madrid en la matière et appelé à “la dissolution complète d’ETA” formule qui dans le pire des cas est un appel à une répression renforcée et dans le meilleur ne veut strictement rien dire.

Un soutien quasi unanime au Pays Basque

“Il faut que les gouvernements l’entendent” a réagi avec sagesse le sénateur centriste Jean-Jacques Lasserre à propos du communiqué d’ETA. La députée socialiste de la 6e circonscription, Sylviane Alaux, a abondé dans le même sens. “Une fois de plus il y a une main tendue, je serais très heureuse que les gouvernements l’entendent” a-t-elle expliqué. Elle s’est dite convaincue qu’il existe “une réelle volonté de tourner la page”, et que “quelle que soit la nature d’un conflit, on finit toujours autour d’une table”. “On est dans un moment important où ETA réaffirme par ce communiqué sa volonté d’amener le processus de paix à terme”, a déclaré Jean-François Lefort de Batasuna à l’AFP. “ETA propose un agenda de travail pour résoudre toutes les conséquences de ce conflit. C’est maintenant la responsabilité de Paris et Madrid de se saisir de cette opportunité et de participer à la conception de cet agenda qui permettra que ce conflit soit définitivement résolu”, a-t-il précisé. Au Pays Basque sud les partis abertzale de gauche ont salué unanimement le communiqué d’ETA. Pour le mouvement Lokarri qui œuvre en faveur de la paix en Pays Basque la disposition d’ETA à “aborder son désarmement et démantèlement” est un pas positif. Pour Lokarri en revanche il n’y a pas de “régression” du processus de paix comme le laisse entendre ETA qui a quelque mal à considérer la situation autrement que de son seul point de vue. Le leader du PNV, Iñigo Urkullu, a tout de même estimé non sans raison qu’ETA ne devrait pas aborder ces questions par le biais de communiqués mais travailler dans “la discrétion” permettant aux gouvernements français et espagnols de ne pas prendre des postures destinées à leurs publics.

GXC

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