Nicolas Sarkozy ne connaît rien de l’histoire de la France. Il le démontre une fois encore en misant tout sur l’axe franco-allemand et en tournant le dos à ce monde naturel qu’est la Méditerranée.
Un axe catastrophique pour la France
Il faut aujourd’hui appeler un chat un chat : l’alignement de la France sur la politique économique allemande nous coûte beaucoup plus qu’elle nous rapporte. Cette réalité ne justifie en rien les sorties anti-germaniques de quelques hommes de gauche et de droite en retard d’une guerre. Mais il convient aujourd’hui de tirer les leçons d’une dynamique entamée sous le président Mitterrand.
La France a cru lors de la réunification allemande que ce processus coûteux affaiblirait notre voisin. C’est le contraire qui est arrivé. De plus, l’Allemagne a su imposer l’orientation qu’elle affiche depuis le Moyen Âge : la marche vers l’Est. L’Europe des 27 est une Europe qui favorise l’Allemagne, et constitue un débouché naturel pour ses produits. C’est un appauvrissement pour les régions méditerranéennes de l’Europe qui sont ainsi qualifiées de relativement riches. L’argument essentiel a toujours été : « Il faut éviter une nouvelle guerre en Europe. » Mais ce sont les marchés qui ont imposé la paix et non la bonne volonté de l’Allemagne et de la France. À l’inverse, nous avons accepté de mener une politique économique étrangère qui tournait le dos à notre tradition et allait dans le sens du mark fort… et du dollar faible : désinflation, monnaie forte, banque centrale indépendante des peuples et obligée, par les traités, à la seule stabilité financière, foulant au pied les conséquences sociales de ses choix. À sa création, un euro valait un dollar. Aujourd’hui il s’est apprécié de près de 50 % en 10 ans favorisant l’industrie allemande qui s’est intelligemment spécialisée dans des productions qui n’étaient pas concurrencées par celles de pays émergents. La contrepartie a été la dévastation de notre propre économie de production. De plus, l’euro fort permet à l’Allemagne un approvisionnement énergétique à prix cassé et une sortie du nucléaire alors que cela est impossible pour les pays européens méditerranéens sans risquer un effondrement de ce qui reste de notre industrie. La France, du seul fait de l’euro fort, a perdu la moitié de sa compétitivité en 10 ans.
La France n’est grande que par la Méditerranée
Les politiques modernes ont cru que l’Europe effacerait d’un coup de baguette magique le poids de l’histoire et de la géographie. L’histoire est celles des peuples, de leurs rivalités, des voies de communication à travers les millénaires. Or les rivalités européennes continuent d’exister dans la construction communautaire. Et la France a pour paysage naturel la Méditerranée beaucoup plus que les espaces germaniques qui appartenaient à l’empire austro-hongrois. Sans la Méditerranée, la France n’aurait pu devenir la cinquième puissance mondiale. Les relations entre la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et l’Afrique établissent la connexion dynamique qui fait ce que nous sommes. Nier cela revient à trancher un lien aussi précieux que celui qui a été tranché en Corse après la conquête française du XVIIIe siècle.
L’Allemagne est aujourd’hui vomie par les Grecs et bientôt va l’être par les Italiens mais aussi par les Espagnols et les Portugais. Au nom de la dynamique franco-allemande, nous participons à ce festin de fauves sans même nous rendre compte que bientôt le plat principal sera la France. Nous participons à l’humiliation infligée aux Grecs et aux Italiens. Une telle politique, inverse à celle menée par la France depuis le XVIe siècle, est matérialisée par le refus de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, par une politique sans envergure menée au Maghreb dans le cadre communautaire. Les sorties mêmes de Claude Guéant contre un islam complexe participent d’une diplomatie sans vision. Nous fuyons notre destin méditerranéen qui fut à l’origine de la grandeur française et nous nous enfermons dans un huis clos franco-allemand qui satisfait en partie les marchés mais ruine les citoyens. La France ne retrouvera son dynamisme qu’en réempruntant les voies du sud, en redonnant à la Corse, à Marseille les rôles qu’elles devraient occuper : celui de portes grandes ouvertes sur les pays émergents d’un continent aux sous-sols d’une richesse inouïe et qui comptera bientôt un milliard d’individus pour l’heure laissés en pâture à la Chine et aux États-Unis voire à l’Islam radical.
GXC