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Ré-inventer la vie collective

jeudi 30 juin 2011, par Journal de la Corse

Societe collective

Alors que les « indignés » se sont réveillés et veulent être écoutés, que chacun des partis politiques tente de se montrer sous un jour glorieux et séduisant, une nouvelle utopie semble surgir : celle de la défense du bien commun. Ou les voies d’une réflexion pour redonner du sens et donner un projet commun, un rêve à partager, bref après le règne de l’individualisme, va-t-on assister à l’émergence d’une vie collective version XXIe siècle ?

La mode collaborative

Les Wiki et autres sites collaboratifs fleurissent sur le net. On peut noter par exemple des fleurons du genre pour l’espace public numérique, comme l’EPN PAM de Vescovato, un blog collaboratif et participatif. Autant de réseaux sociaux auto-constitués, autant de groupes d’inconnus qui se solidarisent pour une cause. Et dans la réalité ? Cela fait quelques petites révolutions… Maghreb, Grèce, Espagne… à nos portes. L’écologie, avec les altermondialistes, avait déjà montré quelques signes. La défense des droits de l’homme est un autre exemple. Pourtant, même si la déclaration universelle des droits de l’homme favorise une vision plurielle de l’humanisme, sans répondre à la manière de concilier respect de ces droits, avec ceux des libertés individuelles, des diversités culturelles et des volontés politiques. Vivre ensemble, mais comment ?

Règles sociales

Après le discours de François Hollande, en faveur de « nouvelles règles sociales » qui propose l’organisation d’une conférence sociale après la présidentielle et les législatives sur sept thèmes (emploi des jeunes, sécurisation des parcours professionnels, précarité, égalité salariale, souffrance au travail, discriminations, gouvernance des entreprises), on pourrait se demander quelles sont ces règles sociales, qui renvoient à d’autres concepts, comme les normes sociales, les contraintes sociales, les conduites collectives... Les règles sociales sont tout à la fois juridiques, éthiques, culturelles et linguistiques, formelles et informelles, explicites et implicites. Elles sont fondées sur la tradition, les valeurs, le maintien du lien social et leur fonctionnalité. Pour les intégrer, il s’agit de socialisation, d’intériorisation, d’exercice de la civilité et du conformisme, avec le rôle de la famille, de l’école, des associations, etc. C’est ce qui fonde la définition même de la société : « un groupe organisé d’êtres humains ou d’animaux, ayant établi des relations durables, qui vivent sous des lois communes, qui ont une forme de vie commune, qui sont soumis à un règlement commun ou qui ont un centre d’intérêt commun », soit plus largement « l’état de vie collective ».

Lien social

Par extension et complément à ces règles sociales, il y a le lien social, ce fameux lien qui assure la cohésion sociale, l’intégration des individus et le partage de valeurs communes, qui permettent d’établir de règles collectives, renforcées par le droit. Le « contrat social » tel que pensé par Rousseau a bien évolué depuis la Révolution. Si on parle aujourd’hui de déclin du lien social, c’est en raison du déclin de l’autorité, que cela soit celle des parents, de la police, des enseignants, etc., de voir se multiplier les exclusions, de la difficulté d’établir de nouvelles règles de vie commune, de la faiblesse de relations familiales, des liens de voisinage… La cohésion entre tous les membres de la société n’est donc plus assurée autour de valeurs communes ou de règles de vie communes que tous partagent et acceptent. Solidarité, intégration, identité du groupe, tout l’inverse de l’individualisme et d’une société marquée par la montée des conflits sociaux. Car il faut bien convenir qu’en la matière, il ne se passe pas un mois sans que l’on voit des conflits exploser que cela soit des parents d’élèves qui réclament plus de moyens pour l’école, dans la santé avec des médecins en colère contre l’augmentation du coefficient géographique, des marins qui se battaient pour maintenir la flotte, etc. Cette montée des conflits est une preuve que les gens veulent vivre ensemble. Mais la solidarité ne passe pas uniquement par la consommation et l’aide monétaire, et la vie collective, ça n’est pas juste un discours vaguement républicain. Car c’est dans l’action que l’on observe le mieux l’impact des règles sociales. Action citoyenne et courage politique, un cocktail détonant.

Maria Mariana

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