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RATISSER LE DÉSERT ?

jeudi 31 mai 2012, par Journal de la Corse

L’édito d’Aimé Pietri

En attendant le verdict des tout prochains scrutins, les candidats corses aux élections législatives n’arrêtent pas de courir la campagne. Les voilà, infatigables, sillonnant leur circonscription au pas de charge pour y porter la bonne parole, la leur, qui se résume à de vagues promesses et où il est surtout question de développement durable, comme on dit aujourd’hui. Mais a-t-on jamais demandé leur impression à l’issue de ces marches forcées à la découverte de l’électeur ? Leur a-t-on fait dire qu’ils ont traversé des déserts avant l’oasis : un bar de village où quelques résidents attendent, sans enthousiasme, la tournée générale offerte par le candidat ou l’un de ses soutiens ? Ont-ils mis de côté les grandes lignes de leur programme pour avouer une certaine tristesse devant les volets clos, les ruelles vides, les places abandonnées ? On ne les accusera pourtant pas d’avoir négligé le rural et ses multiples problèmes pour seulement se consacrer aux zones urbaines, à la démographie significative, là où se joue l’élection. Cette traversée des campagnes est d’ailleurs traditionnelle et aucun candidat ne se hasarderait à l’ignorer. Pour ratisser large ? Mais y a-t-il quelque chose à ratisser ? Ah ! S’ils avaient le courage de le dire, de le proclamer même, en soulignant la désespérante constatation qu’ils ont pu faire d’une pieve à l’autre, en franchissant les collines et les vallées, aussi vite qu’ils pouvaient pour que le désolant spectacle ne puisse les rattraper. Non, ils n’y pensent pas et ils n’y penseront pas davantage si d’aventure ils étaient élus. Oui, peut-être, lorsqu’ils referont une autre tournée électorale. Pour constater que le désert s’est singulièrement élargi.

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