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Ras le genre !

jeudi 8 décembre 2011, par Journal de la Corse

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En août dernier, quatre-vingts parlementaires demandaient au ministre de l’Éducation nationale le retrait de manuels scolaires accréditant l’idée que l’identité sexuelle est autant le fruit de l’environnement socioculturel que de la biologie. Finalement, la question du genre est devenue politique. Cela n’est ni la biologie, ni la sociologie, ni aucune autre science qui tranchera, et cela ne sera pas non plus laissé aux mœurs. Un item de plus sur la liste des débats pour les élus. Parce que la démocratie, c’est aussi l’égalité sexuelle.

Enseigner le genre

« Le participe s’accorde en genre et en nombre avec le COD qui le précède »… Le « genre » n’est pas un scoop pour les enfants qui sont habitués à les manier, ne serait-ce que pour les règles grammaticales ! Depuis 1970, la sexualité fait partie du programme scolaire, pour le plus grand déplaisir des professeurs qui ne savent pas par quel bout le prendre, sans faire lever les boucliers conservateurs ou les frondes des associations. Pour cette rentrée 2011-2012, la thématique « devenir homme ou femme » a été intégrée au programme scolaire français. D’où la polémique et l’opposition des 80 députés. Depuis les années 90, il a été reproché à l’éducation sexuelle d’être hétérocentrée, et de délaisser les questions de l’homosexualité, de la bisexualité et de la transsexualité. Car l’orientation sexuelle appartient à la sphère privée. Ce que les députés signataires reprochent c’est surtout que la question du genre ne soit ni naturaliste, ni biologique et que l’identité sexuée − et non pas sexuelle pour éviter les dérives − intègre une dimension culturelle.

Genre : la question qui divise

Pour Simone de Beauvoir « On ne nait pas femme, on le devient », allant ainsi contre l’idée que c’est la nature qui détermine le sexe. Pourtant, en réalité jusqu’à six-sept semaines, tout embryon est féminin, et ensuite les hormones mâles se développent, dans la plupart des cas. Certains cas résistent. C’est pourquoi on peut dire qu’il existe dans la nature trois genres : féminin, masculin et hermaphrodite. L’identité ne saurait se résumer aux organes génitaux, et répondrait davantage à la socialisation. La distinction entre sexe et genre ne pourrait donc se baser uniquement sur la science, ainsi que le souhaitaient les députés. La question du genre est donc avant tout une question de construction sociale des identités en raison du sexe : identité sexuée. Deux registres sont donc à distinguer : les orientations sexuelles (homosexualité, hétérosexualité, bisexualité) et le sexe (féminin, masculin, transsexuel).

Genre et diversité

Si la nature elle-même ne détermine pas toujours les choses, la société et les publicitaires, eux, l’ont fait. Aux notions de féminin et de masculin sont assignés des rôles et tâches respectives. Et la langue de véhiculer ces stéréotypes sexués : « le panier de la ménagère », expression économique clairement orientée, « l’homme de l’art », etc. La différence organique des sexes sert entre autres à justifier la domination d’un sexe sur l’autre. Plus d’une femme sur deux pense que la France est un pays sexiste, selon un sondage Ifop pour l’association Paroles de femmes. La question du sexisme, voire du machisme, à l’heure de la bataille en faveur de la diversité n’est donc pas à reléguer au second plan. Ces questions de genre ne concernent pas que les femmes ou les transgenres ; elles permettent de repenser les inégalités au sein de notre société. D’ailleurs, l’affaire DSK aura au moins eu le mérite de révéler au grand jour le sexisme des sphères politiques et médiatiques. La féminisation de la politique est ultra timide. Le mâle y prédomine, comme par exemple au conseil général de Haute-Corse, exclusivement masculin, ou celui de Corse-du-Sud avec une seule femme… L’une des blagues sexistes qui circule est par exemple : « Savez-vous quel est, en politique, le féminin de candidat ? Suppléante. » La question de l’identité est donc au cœur de bien des actions en faveur de la lutte contre les discriminations. L’égalité entre les sexes est un droit fondamental de l’être humain, qui deviendra une réalité lorsque les femmes comme les hommes seront dans la même position en ce qui concerne la répartition du pouvoir et du savoir et qu’ils auront les mêmes opportunités, droits et obligations. Il y a du travail…

Maria Mariana

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