L’âge est-il devenu un handicap ? En matière d’emploi, assurément. Alors que l’âge du départ à la retraite a reculé de quelques années, que les chiffres du chômage n’en finissent pas de plomber la croissance et le moral, que les plans sociaux sont annoncés – crise oblige ! –, les seniors revendiquent aussi leur droit à l’emploi et l’employabilité. A quel âge devient-on « périmé » ? D’autant que l’espérance de vie progresse, autant que les avancées scientifiques et font de la vieillesse un sujet qu’il est temps de sortir des tabous.
Pomme de discorde
À quel âge est-on considéré comme un senior sur le marché de l’emploi ? Selon des recruteurs, dès 40-45 ans, pour d’autres, à partir de 50 ans. En fin de carrière, en somme. Dans un monde où le mouvement s’est accéléré, cet âge apparaît quasi canonique ! Et pourtant… Les jeunes loups peuvent continuer à se limer les dents, pour certains postes et missions, les seniors sont préférés. Ainsi, en Corse, les personnes âgées de 50 à 64 ans actives sont très présentes au sein des emplois les plus qualifiés, notamment dans les secteurs financiers et immobiliers. Ces seniors actifs insulaires sont également très présents parmi les actifs non salariés, chefs des multiples petites entreprises qui caractérisent l’appareil productif corse. Fin 2006, 11.300 salariés seniors travaillaient dans le secteur privé, soit 21% des postes (source : Insee). En matière d’emploi des seniors, avec le recul de l’âge du départ à la retraite, il y a quand même de quoi se faire des cheveux blancs. Le taux d’emploi des 55-64 ans en France est traditionnellement plus faible que dans les autres pays européens. Malgré la politique d’emploi des seniors depuis le Conseil européen de Stockholm de 2001, qui avait fixé le taux d’emploi des seniors à 50% à l’horizon 2010, cela a été long pour atteindre cet objectif (atteint pour la 1re fois au 2e trimestre 2010, avec 60% de taux d’emploi pour les 55-60 ans). Et n’oublions pas que 2012 est « l’année européenne du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle »…
De senior à vieux
Mais il y a vieux et vieux. En matière d’emploi, on est un senior. Dès qu’on passe par la case retraite, on file vers le « vieux ». Et là, il n’y a que les antiquités qui ont de la valeur, la vieillesse, elle, est mal cotée. Déjà parce qu’elle représente un coût social important. Chì ùn invecchja è pena di vita (celui qui ne vieillit pas est privé de la vie). Mais celui qui vieillit a intérêt à avoir pensé à ses vieux jours ! Les risques vieillesse-survie représentent près de 46% du montant des prestations de protection sociale. Personne ne peut nier le vieillissement de la population. Ni ses conséquences, tant au niveau sociétal, qu’individuel. On a beau camoufler le phénomène derrière les termes de « dépendance », « perte d’autonomie », « handicap », cela reste des questions essentiellement liées « aux vieux ». Mais peut-on pour autant mettre ces « vieux » dans le même sac social ? Assurément pas. Entre retraités et personnes âgées, il y a quelques années et quelques distinctions, les besoins ne sont pas du tout les mêmes entre le 3e âge et le 4e âge. Aujourd’hui, la société est mal armée pour y faire face. Déficit en personnel médico-social, en activités adaptées, en structures dédiées, en équipements, en indicateurs spécifiques sur les modes de vie et les pratiques sociales… Autant d’ajustements à apporter, autant de réflexions à mener. Sans compter que les vieux ne veulent plus vieillir, la science repoussant toujours plus loin les limites de la vie.
Bien vieillir
Selon les statistiques de l’Insee, la Corse demeure une région âgée : les plus de 75 ans représentent 10% de la population (contre 8,7% pour l’ensemble de la France). Cela ne signifie pas qu’elle soit une région vieille. Activités physiques et intellectuelles, les seniors ont tout. Même un site de rencontres pour les seniors insulaires : cum.fr. Eh oui, car l’amour non plus n’a pas de date de péremption – et Meetic ne s’y trompe pas : le site estime accueillir 900 000 personnes de 55 ans et plus (soit 5% des inscrits en France). Selon des spécialistes, « cerveau et sexe ne s’usent que si on ne s’en sert pas ». Dont acte pour les plus de 60 ans. Le secret des centenaires ? Se préserver des maladies, maintenir un bon niveau d’activité intellectuelle et physique, quelles qu’elles soient.
Maria Mariana