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QUAND LES EUROPÉENS AHANENT

jeudi 31 mars 2011, par Journal de la Corse

Europe

Hue ! Europe ! Hue ! Tsè ! Europa ! Tsè ! Comme on dit en corse. Encore un sommet européen sous tension financière. Après la Grèce et l’Irlande, l’Espagne dans le collimateur boursier. Crise sur crise de la zone euro. Les Etats européens sont au nombre de 27. Ils ne sont que 17 dans la zone euro. Première division.

Réunis à Bruxelles le 11 mars, les 27 ne sont pas parvenus à s’entendre pour une solution définitive de cette crise de la dette qui dure depuis un an. Le Portugal est menacé, lui aussi, de rétrograder. La Grèce et l’Irlande n’arrivent pas à tenir le calendrier qui leur a été imposé par l’Europe de l’euro et par le FMI. Les taux d’intérêt à rembourser qu’on leur demande sont tels qu’ils accroissent la dette au lieu de l’amoindrir. En décembre 2010, on s’en souvient, le conseil européen des 27 avait créé, pour parer au danger de faillite des Etats menacés, le Fonds Européen de Stabilité Financière mais les fourmis du Nord ne sont pas prêteuses, pour parler comme le fabuliste. L’Allemagne, l’Autriche et la Finlande se renfrognent à l’idée de soutenir les cigales portugaises ou espagnoles. Alors, un accord s’est fait en ahanant. Le Fonds de stabilité augmentera sa dotation qui passera de 250 à 400 milliards d’euro. Mais tout ceci n’est que du colmatage à la petite semaine et la corde au cou. On attend encore la définition d’une politique économique commune et l’harmonisation des fiscalités des Etats. Passons à la crise méditerranéenne. Que fait-on face aux événements de Libye ? L’Union Européenne condamne Kadhafi. Certes, cela ne mange pas de pain. Mais pour le reste, les Etats européens tirent à hue et à dia lorsqu’il s’agit de se mettre d’accord sur l’action à entreprendre. Inutile d’insister. C’est la cacophonie la plus complète. Désunion même et totale sur les mesures à prendre devant l’afflux de migrants prévisible. Ici, désaccord total. Aucune solidarité. L’Allemagne, oublieuse de l’aide des Européens à l’accueil des Allemands de l’Est ne veut rien entendre pour aider les Italiens et les Grecs qui reçoivent la première vague de Tunisiens. Les autres Etats restent muets sur la question de partager le poids de l’immigration en cours, en accueillant des quotas de migrants. Chacun pour soi. Alors, c’est ça l’Europe ? Qu’est devenu le grand espoir des Victor Hugo et des Mazzini ? Et celui des chefs d’Etats européens de l’après-guerre et de l’Europe des Six. Certes, un espace de démocratie existe. Pourtant comment pourra-t-il résister, dans la grande crise économique, politique et sociale, à cette remontée des égoïsmes nationaux ? Faut-il s’étonner devant ce mauvais exemple que donne l’Europe du désamour qu’elle suscite ? Il est peut-être encore temps pour elle de se remettre à construire une union véritable.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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