L’âge est une question qui semble bien occuper les esprits, les médias et les politiques. Après la retraite, voilà la question de l’autonomie sur le tapis. Il s’agit bien sûr de l’autonomie des personnes âgées, pas de celle de la région, autre débat, qui n’a pas vraiment sa place dans ce sujet très prise de tête. Parce que c’est aussi de la tête dont il est question, quand on la perd, qu’on a peur de la perdre. Alzheimer, comme une fatalité, un fléau diagnostiqué, que l’on ne peut pas éradiquer, mais prévenir et accompagner.
Axes prioritaires
Les ARS ont été installées. Et dans leur escarcelle, des missions. L’une d’elles, c’est la santé, bien sûr. Mais en dehors de ce fondamental, il y a aussi l’autonomie, c’est-à-dire l’accompagnement des personnes âgées. Chaque département dispose d’un plan pour ce sujet, mais les départements ne sont pas égaux face aux objectifs. En effet, la Corse souffre d’un problème de répartition des médecins, lié aux caractéristiques de son territoire. Selon une enquête établie par l’Union régionale des médecins libéraux de Corse, même si l’île est souvent présentée comme une des régions françaises les mieux pourvues en médecins libéraux, plusieurs de ses micro-régions manquent cruellement de médecins et cette tendance ne fera que s’accentuer. En mettant en lumière cette inégalité territoriale, cela montre aussi que les enjeux et les choix politiques sont essentiels pour permettre à des médecins de s’installer dans le rural, dans des régions à faible densité de population. Envisager l’installation d’un médecin comme un outil de développement territorial, ça pourrait aussi être un des leviers des ARS en matière de santé publique, pour la définition des schémas d’organisation par exemple (schéma régional de prévention, schéma régional d’organisation des soins, schéma régional d’organisation médicosociale) ainsi que les programmes ou plans d’actions (programme régional de gestion du risque, programme régional d’accès à la prévention et aux soins, programme relatif à la télémédecine, programmes territoriaux de santé). Palette multiple, mais choix crucial car l’urgence est réelle.
Santé publique
Aujourd’hui une des préoccupations majeures de santé publique est cette pathologie neurodégénérative. Des moyens financiers ambitieux ont été déployés tant pour le médico-social, que pour l’aspect sanitaire et la recherche. Chaque année, la maladie d’Alzheimer touche de plus en plus d’individus. Entre 800 000 et un million de personnes en France. Il est estimé qu’un homme sur huit et une femme sur quatre en souffriront au cours de leur vie. Selon une estimation, en Corse, 3 000 patients seraient atteints d’Alzheimer (cette estimation repose sur le nombre de médicaments spécifiques vendus). Cette maladie est préoccupante parce qu’elle implique des structures et aussi, voire surtout les proches, les aidants familiaux, sur lesquels repose beaucoup, et pas uniquement l’affectif. D’ailleurs, les associations, telle que France Alzheimer ne s’occupent pas seulement de mobiliser pour les malades, mais aussi pour les aidants, pour leur apporter soutien et formation, information et accompagnement. Et malheureusement, là encore, la Corse souffre d’un problème d’inégalité de territoire. Par exemple, la Corse-du-Sud ne dispose pas de consultation mémoire. Certes, des progrès sont réalisés, les établissements accueillant les patients ouvrent des places, mais la demande va croissant, de manière bien plus rapide que ce à quoi l’offre peut répondre. En effet, en Corse, la plupart des personnes atteintes ne vient dans ces établissements spécialisés qu’en fin de vie, le maintien à domicile étant privilégié pour des raisons d’attachement affectif et familial, mais aussi pour des raisons financières (le loyer en établissement s’élève à environ 2 500 euros, les pensions ne suffisent pas à couvrir ces frais). Les accueils de jour sont encore insuffisants sur l’île et les bonnes volontés ne suffisent pas pour palier à tout. Autant dire que le référent Alzheimer ARS pour la Corse aura fort à faire pour obtenir des moyens à la hauteur des attentes et des besoins.
• Maria Mariana