Les banques et les politiques ont contribué au désastre bancaire en Espagne. Et c’est l’argent public c’est-à-dire les contribuables qui vont devoir en assumer les conséquences, comme hier en France ou en Grèce.
Les politiques complices des banques
Le désastre du secteur bancaire espagnol est essentiellement dû à la complicité entre public et privé. Et pour en arriver à ce hold-up de 100 milliards d’euros (pardonnez du peu) il a fallu la spéculation éhontée des banques, les mensonges des politiques et la complicité des institutions européennes. On a accusé la Grèce d’avoir menti sur ses comptes publics pour entrer dans l’Europe. En premier lieu, il ne s’agit pas de la Grèce mais des responsables grecs qui n’ont agi qu’avec la complicité de Goldmann and Sachs et l’aval de l’Europe. N’oublions pas que les acteurs de Goldman sont aujourd’hui à la tête de l’Italie, de la Grèce et de l’Europe. En Espagne, les banques ont truqué leurs bilans avec l’aval d’une classe politique qui craignait les conséquences d’un désastre bancaire… qui n’a pas manqué d’arriver mais dans les pires conditions qui soient. Et c’est le contribuable qui va payer. Encore et toujours.
Une série de désastres annoncés
Techniquement le naufrage espagnol ressemble à celui de l’Irlande. Le mal financier est d’abord bancaire. En Espagne, le cancer financier a débuté avec le rapport anormal des caisses d’épargne et des institutions politiques régionales à commencer par celle de la Catalogne longtemps érigée en modèle. Les prêts accordés sur cinquante ans et sans garantie ont créé une bulle immobilière que tous ont alimentée en en tirant des profits immédiats : les banques via les crédits, le secteur du bâtiment via les chantiers gigantesques, le secteur immobilier via les transactions, l’État via les impôts, les partis via le clientélisme et les ristournes occultes et enfin, le gouvernement via les statistiques avantageuses et l’apparente croissance du PIB. Et comme il est de règle en politique on ne réfléchissait que sur le temps d’un mandat estimant qu’après il arriverait vraisemblablement un miracle ou que l’Europe pourrait payer.
Une contagion inéluctable
La maladie a été détectée il y a au moins deux ans. Mais, élections obligent, l’ancien gouvernement socialiste Zapatero a repoussé le problème ne parvenant pas pourtant à empêcher une défaite électorale. Le nouveau gouvernement conservateur de Rajoy, par démagogie n’a pas cherché à cantonner le mal aux caisses d’épargne lui permettant ainsi de contaminer les plus grandes banques espagnoles. Et désormais le cancer menace la dette souveraine. Tandis que l’Irlande a tout de suite nationalisé les pertes des banques, transformées en déficit public, l’Espagne cherche à ruser en "prêtant" aux banques 100 milliards mis à disposition par le fonds de garantie européen. Mais au bout du compte le résultat est identique : ils deviendront de la dette publique même si les autorités espagnoles cherchent à accréditer l’idée que le naufrage bancaire n’est pas celui de l’Espagne.
Les métastases touchent l’Europe entière
En un mot les banques s’en tirent une fois encore grâce à l’argent public alors qu’en bonne logique capitalistique elles devraient disparaître du paysage et tirer un trait sur leurs impayés. Comme l’a écrit un financier portugais, il y a désormais des républiques de débiteurs et des monarchies de créanciers. "Des financiers qui savent tout et qui embobinent des politiciens qui ne savent rien. Et des uns qui ont la suprême audace de traiter les autres, qui paient pour leurs erreurs, d’analphabètes de la finance. Oui, ceux qui ont fait exploser les budgets futurs, et qui, drapés dans l’austérité, provoquent faillites et chômage, sont aussi ceux qui accusent le peuple d’ignorance financière… Il faut que la démocratie soit bien malade pour que mentir aux institutions européennes, comme cela a été le cas en Grèce, soit au final plus grave que mentir au peuple, comme c’est le cas en Espagne. Les banques vont être aidées. Et nous, que leur disons-nous ? Rien." Or ce triste jeu n’est pas prêt de s’achever car la leçon a été apprise par les spéculateurs en tous genres : il suffit de laisser entendre que la faillite des banques provoquerait une faillite générale pour les politiciens de tous bords, de droite comme de gauche, mette la main au portefeuille des contribuables. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
GXC