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Primaires citoyennes : Arnaud et Manuel

jeudi 13 octobre 2011, par Journal de la Corse

Mes « chouchous » ont été Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Ils ont donné une vraie dimension politique aux primaires du PS.

Les débats télévisés du premier tour des Primaires citoyennes organisées par le PS sont terminés. Certains s’en réjouiront. Pour ma part, je vais les regretter. Dans la grisaille automnale de l’univers politique, ils ont représenté une éclaircie dont j’aimerais qu’elle devienne un jour un printemps fleuri. De plus, ils ont constitué un vrai bain de jouvence. En effet, si les trois « favoris » seront probablement devant à l’issue des votes, il s’agira sans doute aussi de leur dernier bal. Au vu de leurs prestations, si l’un ou l’une de ceux-ci entre à l’Elysée, les deux autres feraient bien de ne plus aspirer à la fonction suprême. François Hollande a défendu une conception normale de la présidence de la République ne suscitant guère l’enthousiasme et annonciatrice de lendemains où l’on ne fera qu’apaiser les maux les plus douloureux que provoque l’univers libéral. Martine Aubry nous a asséné la recette éculée de la social-démocratie « Gauche de l’assistanat courtisant le peuple / Gauche bonne gestionnaire ménageant les nantis », qui a toujours conduit cette mouvance dans le mur et ne fait plus rêver que les nostalgiques des 30 Glorieuses. Quant à Ségolène Royal, elle a malheureusement compris trop tard qu’il ne fallait pas rejouer le film de 2007 et qu’avoir perdu une bataille, ne donnait pas forcément au peuple le sentiment que l’on pouvait gagner la guerre.

Ils ont crevé l’écran

Jean-Michel Baylet a été un perdant annoncé qui a su tirer son épingle du jeu. N’étant servi ni par son physique, ni par son accent du Sud-Ouest profond évoquant la Troisième République, ni par la taille « riquiqui » de son parti politique, il a crevé l’écran en osant des propositions « décoiffantes » touchant à l’esprit d’entreprise, à l’euthanasie et aux stupéfiants. Toutefois mes deux « chouchous » auront été Manuel Valls et Arnaud Montebourg. L’un et l’autre ont donné une vraie dimension politique aux primaires en lançant et en alimentant le débat qui sera, dans les années qui viennent, celui de la gauche moderne. Pour être franche, je n’adhère pas à tout ce que propose Manuel Valls. Il pêche par trop de concessions aux lois du marché au nom du « réalisme ». Toutefois, il serait regrettable d’ignorer ses approches concernant le soutien que l’on doit à l’entreprise et aux talents, ainsi que son refus de tout angélisme ou laxisme dans l’abord de dossiers comme le devenir de l’immigration ou la sécurité publique. Vous l’avez compris, ma préférence est allée au héraut de la démondialisation, à Arnaud Montebourg. Il a proposé une voie crédible pour sortir du cadre étriqué et mortel que tente d’imposer la mondialisation libérale. Il a eu la lucidité et le courage de se démarquer du compromis libéral et assassin passé entre la social-démocratie et la droite (l’exemple le plus marquant se situant en Allemagne), qui tente de maintenir la puissance économique de l’Europe en abaissant le prix du travail et en pressurant ainsi le salariat. Il a montré que nous sommes entrés dans une période non pas de juste ou de libre échange, mais de guerre économique où les puissances, sauf l’Union Européenne, retrouvent le chemin du protectionnisme pour mieux se préparer à la compétition sans pitié. Manuel et Arnaud ne seront sans doute pas qualifiés pour le second tour des primaires, mais on parlera d’eux demain, j’en suis sûre.

Alexandra Sereni

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