Pendant le week-end des 23 et 24 juillet, les habitants de Sisco étaient invités à accomplir leur devoir citoyen. Un référendum était organisé dans leur village, et seulement dans leur commune considérée comme représentative de la Corse. Ils avaient à répondre à la question : « Etes-vous favorables à une citoyenneté corse fondée sur dix ans de résidence ? ». Le oui l’a emporté à 93.91%.
Le maire, Ange-Pierre Vivoni, qui est aussi président de l’association des maires de Haute-Corse et conseiller général du canton de Sagro-Santa Giulia, a donné son accord pour l’organisation de cette consultation populaire après avoir obtenu l’accord de son conseil municipal. Le référendum s’est déroulé dans les mêmes règles que toute autre élection, le vote comme le dépouillement se sont effectués sous contrôles. Les listes électorales ont été revues à la marge afin que seuls les administrés justifiant d’une résidence en Corse depuis dix ans étaient autorisés à participer à ce référendum. Ange-Pierre Vivoni s’est même plié à cette consultation qui n’avait aucune valeur juridique. Mais dont les résultats seront observés par les élus insulaires et versés au débat actuel sur le foncier et le logement, espère Jean-Guy Talamoni.
Oui à 93.91%
Sur les 830 personnes invitées à voter, 300 seulement ont déposé un bulletin dans l’urne. 278 se sont déclarées favorables à la citoyenneté corse, soit 93.91% des suffrages, 18 personnes ont exprimé leur désaccord et 4 ont déposé un bulletin nul. Avec un taux de participation s’élevant à 36.14%, on serait tenté de conclure que ce référendum n’a guère suscité l’engouement. Mais ce chiffre a satisfait les organisateurs qui ont souligné que les consultations populaires étaient systématiquement marquées par une forte abstention. Corsica Libera préfère retenir le oui massif qui est sorti des urnes. « C’est un événement politique important, s’est réjoui Jean-Guy Talamoni. Dès cette première consultation, nous obtenons une signification politique et c’est une information qui doit être livrée au débat qui occupe en ce moment l’Assemblée de Corse ». Lorsque les grands axes de la politique foncière et du logement ont été présentés par Maria Guidicelli aux conseillers territoriaux fin juin, le débat avait été houleux sur la fiche 27. Ce point autorisait la poursuite d’études pour évaluer si l’instauration d’une citoyenneté corse aurait des incidences favorables sur la spéculation immobilière et sur l’accession à la propriété des insulaires. Le groupe de la Gauche républicaine menée par François Tatti avait voté contre le projet, exprimant sa désapprobation quant à la distinction entre deux catégories de personnes. Le groupe Rassembler pour la Corse s’était quant à lui abstenu arguant qu’il ne partageait pas les mêmes valeurs.
D’autres consultations
Si le village du Cap-Corse a été choisi pour ouvrir une série de consultations démocratiques, c’est parce qu’il dispose d’un nombre relativement important d’électeurs et qu’il présente des rapports politiques équilibrés, ce qui fait de lui une commune représentative de la Corse. « Nous aurions pu choisir une commune où nous avions obtenu de très bons scores lors des dernières élections régionales, mais les résultats n’auraient pas eu la même signification, souligne Jean-Guy Talamoni. C’est un succès politique significatif qui a plus de valeur qu’un sondage d’opinion ». Les votants étaient issus de tous les courants politiques, le maire comme les membres du conseil municipal ont déposé leur bulletin dans l’urne. « Il s’agit plus d’une consultation que d’un véritable référendum, estime Ange-Pierre Vivoni. Mieux vaut répondre à une question que de pratiquer la violence ». Corsica Libera qui défend l’instauration d’un statut de résident corse pour lutter contre la dépossession de la terre a souhaité prendre l’initiative d’organiser un référendum pour « faire avancer les choses, il nous faut connaître le sentiment des Corses sur la citoyenneté ». Ainsi, cette initiative devrait s’étendre à toutes les communes qui souhaitent interroger leurs administrés sur leur position quant à cette question. En attendant qu’un référendum régional ne soit organisé.
M.K