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Pour une Corse enfin sans violence

jeudi 26 avril 2012, par Journal de la Corse

L’élection présidentielle ne changera pas grand-chose au climat pourri qui règne aujourd’hui en Corse et se traduit par une violence désordonnée.

L’état français une fois encore visé par les indépendantistes

Selon Corsica Libera, l’administration française attiserait "les haines entre Corses", visant les forces de l’ordre, qui seraient pour Corsica Libera des « forces du désordre ». Le mouvement a également dénoncé la difficulté de travailler honnêtement dans certains secteurs d’activité mais aussi le trafic de drogue. Corsica Libera propose en conséquence la création d’un organisme d’évaluation des politiques publiques, de la citoyenneté corse ainsi que d’un code des investissements. Un appel solennel a été lancé aux autres forces nationalistes, modérées en tête, pour parvenir à un accord sous la forme d’un texte commun et officiel. Le discours est convenu. Que certains policiers jettent de l’huile sur le feu est incontestable mais de là à affirmer que les assassinats sont de leur fait revient à passer sous silence notre responsabilité propre. C’est même d’une certaine manière considérer les Corses comme des irresponsables capables de tomber dans n’importe quel piège. Or le trafic de drogue est en grande partie tenu par des Corses. Les assassinats sont le plus souvent le fait de Corses contre d’autres Corses et la plupart des promoteurs continentaux (qui ne sont qu’une minorité) utilisent des prête-noms corses. Désigner encore et toujours l’état c’est donc se dédouaner en étant assuré qu’au bout du compte le mal ne fera qu’empirer.

Politique sécuritaire contre faux-semblant

Il est tout de même remarquable que le mouvement indépendantiste n’ait pas eu un seul mot pour condamner les juridictions d’exception qui sont pourtant les premiers acteurs de la répression en Corse. À croire que la nouvelle génération indépendantiste a tout simplement oublié les fondamentaux de la défense de leurs propres militants. Que Nicolas Sarkozy soit réinstallé dans ses meubles élyséens ou qu’il soit remplacé par François Hollande, il va falloir à nouveau poser la question de la justice, de son indépendance et du respect des droits qui fondent l’état de droit. Sans une telle démarche, le sentiment d’injustice ou tout au moins la méfiance envers la justice diminuera et permettra que s’installent de nouveaux rapports avec celle-ci. C’est là la condition sine qua non pour la violence diminue à défaut de s’arrêter et que des rapports normaux s’installent entre les citoyens de cette île. Le rassemblement des nationalistes de toutes obédiences ne changera rien à la situation future si les protagonistes de ce rassemblement ne prennent pas l’engagement solennel de rompre eux-mêmes avec la violence. On ne peut tout à la fois justifier un assassinat quand bien même celui-là serait couvert par l’idée d’autodéfense et dénoncer ceux commis par d’autres.

Les élus doivent prendre leurs responsabilités

Un nouvel élu de Balagne a été pris pour cible par des inconnus qui semblent lui reprocher son respect des règles immobilières. C’est tout simplement scandaleux et il faut espérer que l’auteur ou les auteurs d’un tel forfait seront retrouvés et sévèrement sanctionnés. Car, là encore, on ne peut dénoncer les effets de la violence et protester contre la répression dès lors qu’il s’agit d’un ami, d’un parent ou d’un proche. Les élus corses doivent eux aussi s’engager résolument contre la violence et abandonner le verbiage uniquement destiné à ne pas s’affronter au problème. Leur prise de position sera d’autant plus profitable qu’elle s’accompagnera d’une condamnation des juridictions d’exception dont les menées totalitaires finissent par produire l’effet contraire à celui affiché ou escompté.

Agissons en responsables

Les Corses doivent enfin prendre leur destin en main. Qu’on arrête de toujours s’adresser en bien ou en mal à un état de plus en plus lointain. Nous nous trouvons dans un état d’autonomie de fait. Nous n’avons toujours pas essayé la possibilité d’expérience législative mais certains de nos élus demandent toujours plus de possibilités dont il y a tout lieu de croire qu’elles ne serviront à rien. C’est cette course à l’échalote qui ruine notre crédit à l’extérieur de l’île. Nous demandons toujours plus, nous nous agitons mais au fond de nous-mêmes, nous ne bougeons pas. Nous adoptons toujours les mêmes attitudes pour nous étonner qu’elles soient de moins en moins efficaces. Commençons par savoir nous diriger. Après nos revendications apparaîtront comme légitimes.

GXC

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