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Pétrole : çà va encore grimper !

jeudi 12 avril 2012, par Journal de la Corse

La hausse du prix des produits pétroliers n’est pas un mauvais moment à passer. Elle va durer. L’essence et le gasoil de plus en plus chers, c’est inévitable.

Avant la crise financière puis économique 2008/2009, le prix du pétrole flambait. Il atteignait 135$ le baril. Sur les panneaux d’affichage des stations services, le prix du litre de super dépassait 1,50€. Le marasme économique et l’exploitation intensive des schistes bitumineux ont quelques temps inversé la tendance. Mais, depuis la fin de l’année dernière, le prix du pétrole repart à la hausse. Il dépasse la barre des 120$ le baril. Dans certaines stations de l’île, le super coûte près de 1,60€ le litre. Cette situation était pourtant prévisible et prévue. Fin 2010, un rapport publié par la Banque de France annonçait qu’en 2011, le prix du pétrole bondirait d’environ 10% et porterait le prix du baril à au moins 90$. Ses rédacteurs faisaient valoir qu’une forte demande interviendrait en cas de reprise économique mondiale. Ils ajoutaient qu’une baisse de l’euro accentuerait cette tendance. Ils tenaient compte aussi que des acteurs économiques et des Etats procèderaient à des achats de précaution ou de spéculation. Bien que la reprise ait été moins forte qu’espérée, le prix du pétrole a rebondi et cela va continuer. Selon une récente communication de l’agence Reuters, la hausse n’a rien de conjoncturel. Ainsi, les tensions entre l’Iran et l’Occident ne seraient pas le facteur clé. En revanche, les analystes de cette agence pointent du doigt l’optimisme béat de ceux qui comptent beaucoup sur les « pétroles étroits » (pétroles piégés dans des réservoirs peu poreux) dont l’exploitation se développe aux USA sans aucun respect pour l’environnement. L’Agence internationale de l’énergie table sur un affaissement important des extractions de l’Iran d’ici à 2015, indépendamment des sanctions internationales. Enfin, les colonnes du Financial Times donnent à lire que les capacités de production inutilisées de l’Arabie Saoudite immédiatement disponibles représentent beaucoup moins que la soupape de sécurité nécessaire pour convaincre les marchés que les prix ne vont pas augmenter.

Des conséquences très dommageables

Nous sommes donc bel et bien confrontés à un « troisième choc pétrolier » affirme le président de l’Institut français du pétrole. Or tout cela n’est pas indolore. La vie quotidienne de millions de ménages est durement affectée. Cette nouvelle hausse du prix des produits pétroliers a en effet des conséquences sociales et économiques dommageables : baisse du pouvoir d’achat, chute des revenus de nombreuses professions, chômage. Les trésoreries et les résultats des pêcheurs, des agriculteurs, des artisans, des routiers et de bien d’autres professions sont gravement mis à mal ainsi que les budgets de la plupart des ménages. Cependant, la nouvelle flambée du prix de l’or noir et de ses dérivés n’est pas une mauvaise pour tout le monde. Elle profite aux pays producteurs. Elle favorise une pluie de profits pour les compagnies pétrolières et leurs actionnaires. On peut noter aussi que les riches s’accommodent de la situation car, au dessus d’un certain seuil de revenus, payer un peu plus cher l’essence ou le gasoil n’est guère douloureux. Voilà qui devrait inciter l’Etat et les collectivités locales à accentuer leurs efforts en matière d’offre quantitative et qualitative de transports collectifs, d’incitation aux économies d’énergie et de recours aux énergies renouvelables.

Alexandra Sereni

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