Le parti nationaliste basque Batasuna, longtemps considéré comme la vitrine légale de l’ETA, a annoncé jeudi sa dissolution, lors d’une conférence de presse à Bayonne tenue par deux membres du mouvement, Maite Goyenetxe et Jean Claude Aguerre.
L’annonce de la dissolution du parti de la gauche radicale basque, interdit en Espagne depuis 2003 (mais pas en France) arrive donc après la libération sous caution d’Aurore Martin et la belle prestation électorale de la gauche indépendantiste basque. Le 24 novembre, ETA s’était dit prêt à négocier avec la France et l’Espagne en vue de sa "dissolution". Madrid, avec une obstination qui frôle le sectarisme, avait alors opposé une fin de non-recevoir à cette annonce, attendant la "dissolution inconditionnelle" du groupe. Le groupe clandestin avait annoncé le 20 octobre 2011 l’arrêt définitif de son activité armée. Le 12 décembre dernier, Arnaldo Otegi, l’ancien porte-parole du mouvement indépendantiste basque Batasuna, en prison depuis 2009, s’était prononcé dans le quotidien sud-ouest pour un démantèlement militaire de l’ETA. Il avait appelé la France à jouer un rôle dans ce processus. "Il n’existe pas d’autre scénario possible et souhaitable que le démantèlement des structures militaires de l’organisation", avait alors indiqué Otegi condamné à six ans de prison pour « reconstitution de Batasuna » "De plus, je considère non pas comme une condition mais comme une nécessité que le processus de démilitarisation soit supervisé par la communauté internationale, comme ’vérificateur’ de ce démantèlement", avait-il ajouté estimant que "dans ce processus, le gouvernement français pourrait jouer un rôle hautement significatif", Otegi avait alors invité la France à rapprocher les prisonniers de leurs familles, à libérer ceux qui sont malades et à participer au débat, rôle refusé par le ministre de l’intérieur Manuel Valls.
Une page qui se tourne au niveau européen
C’est ainsi l’une des dernières luttes armées encore vivace en Europe qui s’achève malgré l’entêtement vindicatif de Madrid. Il ne restera donc plus que sous la forme d’une ombre le FLNC corse ou plutôt les FLNC bien qu’il soit extrêmement difficile de comprendre ce qui se passe au niveau de la clandestinité insulaire. Il est tout de même remarquable de noter que les abertzales, les nationalistes basques radicaux, ont remporté une sorte de victoire à l’instant où ils sortaient de la violence. L’Irlande de son côté parvient à maintenir un cap pacifique même si les vieilles haines entre catholiques et unionistes persistent sur fond de crise sociale. Le fait est que la violence a été en Europe un phénomène situé en phase terminale des Trente glorieuses. Que ce soit les violences italiennes, allemandes, irlandaises, basques ou corses ont traduit le malaise produit par la mutation de sociétés issues de l’après-guerre vers une modernité nivelante tant au niveau sociologique (disparition de la vieille classe ouvrière) que culturelles (tendances à la mondialisation et donc à la disparition des cultures minoritaires). Reste qu’aujourd’hui, la violence minoritaire qui s’adressait à des états ne trouve plus guère d’interlocuteurs et tend à disparaître. Une leçon à méditer en Corse.
GXC