Le traitement des déchets est un réel imbroglio, d’autant plus que le volume des déchets ménagers ne cesse d’augmenter. Le traitement des déchets correspond au tri, à leur collecte, au transport, et au traitement et/ou le stockage des déchets. Pour ce qui est de la valorisation des déchets, c’est une autre affaire, tout aussi juteuse, car le dossier des ordures est loin d’être propre.
Loi sélective
La loi sur l’élimination des déchets de 1992 introduit la collecte sélective, dont sont responsables les collectivités. Les quatre grands objectifs de cette loi étaient de prévenir ou réduire la production et la nocivité des déchets ; organiser le transport des déchets et le limiter en distance et en volume ; valoriser les déchets ; assurer l’information du public sur les effets pour l’environnement et la santé publique des opérations de production et d’élimination des déchets, ainsi que sur les mesures destinées à en prévenir ou à en compenser les effets préjudiciables. Outre la collecte sélective, la politique de prévention des déchets a aussi conduit, par exemple, à supprimer ou réduire les sacs plastiques. Ainsi, depuis le référendum de mai 2003, la Corse a-t-elle banni les sacs de sortie de caisse, devenant la première région française à le faire. Et le 25 novembre 2010, l’Assemblée de Corse a voté à l’unanimité une délibération actant l’abandon définitif de tout traitement thermique des déchets. Comme partout ailleurs, les décharges avaient fleuri en Corse, puis des incinérateurs non conformes ont été installés puis fermés. Des actions sont menées, et le Grenelle de l’Environnement est la nouvelle norme.
Prospère marché
Même si l’on constate de nettes améliorations sur le secteur des déchets avec par exemple la mise en place du tri sélectif, la diminution de l’impact environnemental des décharges, les progrès des rejets de dioxines par les incinérateurs, l’accroissement de la production des déchets reste problématique en France. L’un des points noirs est sans aucun doute l’augmentation du coût de leurs traitements qui a doublé en dix ans, traitement qui génère également 3 % des émissions globales de gaz à effet de serre. Plus de 40 % des ordures ménagères sont traitées par incinération en France. Les 11e assises des déchets qui se tiendront à Nantes les 14 et 15 septembre prochain commencent les débats sur le sujet des « Equilibres du financement du service public des déchets ». Car outre les autres sujets attenants à la santé, la sécurité et l’environnement, nul doute que le coût de ces marchés est réel et sérieux et que l’opacité des acteurs en matière de concurrence commerciale ne rend pas les choses faciles. Le chiffre d’affaires dégagé pour le traitement des 26 millions de tonnes annuelles d’ordures ménagères s’élève à 5,95 milliards d’euros. Pour faire face à cette dépense, les communes prélèvent la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (la TEOM), qui varie donc selon les communes. Le coût moyen par habitant pour cette gestion des ordures revient à environ 96 € par habitant.
Sauve qui pue !
Un français produit en moyenne 450 kg de déchets par an. Sur l’ensemble des ménages français, on arrive ainsi à 26 millions de tonnes de déchets produits chaque année. Et la production de déchets croît en France d’environ 1% par an. Le secteur « déchets » a d’ailleurs été défini comme une priorité au sein du Plan de Développement de la Corse. Le PIEDMA (Plan Interdépartemental d’Élimination des Déchets Ménagers et Assimilés) a été approuvé en 2002. Et un syndicat pour la valorisation des déchets de Corse (SYVADEC) a été créé le 13 juillet 2007. Au 1er janvier 2010, le territoire couvert par le SYVADEC intégrait 219 communes, soit près des deux tiers des communes de Corse (excepté la communauté d’agglomération du pays ajaccien (Capa) qui n’a pas souhaité adhérer au syndicat), représentant 54,5 % de la population de l’île. Les déchets sont pris très au sérieux. L’an passé, la Capa et la ville d’Ajaccio avaient lancé une vaste opération visant à réduire le nombre de bacs à ordures ménagères. Le but de cette opération : « Réduire les nuisances dans le souci de proposer une bonne qualité de vie » et « sensibiliser les usagers au tri sélectif et aux comportements éco-responsables ». Car beaucoup de choses reposent sur les citoyens et leurs actions, puisque la valorisation des déchets dépend du volontariat et que le tri dépend des usagers. Responsabilisation, plus que culpabilisation.
Maria Mariana