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ON EN PARLERA DEMAIN

mercredi 12 janvier 2011, par Journal de la Corse

Demain

Retraites, 35 heures : dur, dur l’avant et l’après réveillon

Travailler toujours plus vieux et plus longtemps. La tendance à la régression sociale gagne du terrain.

A quelques heures du réveillon de la Saint Sylvestre, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont eu la délicatesse de nous faire partager le triomphe qu’ils ont obtenu sur le front social. En effet, le texte relatif au recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite (de 60 à 62 ans), a été publié le 31 décembre dernier au Journal officiel. Le texte mentionne un recul de quatre mois par an à compter du 1er juillet 2011. Les assurés étant nés avant le 1er juillet 1951 seront les derniers à pouvoir liquider leur retraite à l’âge de 60 ans. Ceux ayant vu le jour juste après cette date devront travailler 4 mois de plus. Ceux ayant ouvert les yeux en 1956 ne pourront quitter leur poste de travail qu’à l’âge de 62 ans. Pour les salariés ayant commencé à travailler avant l’âge de 16 ans, jouir de la retraite entre 56 et 60 ans nécessitera d’avoir cotisé deux ans de plus que la durée requise pour le taux plein. Enfin, la décote frappera la plupart des salariés n’ayant pas réuni, à l’âge de 65 ans, tous les trimestres de cotisations requis. Pour jouir d’une retraite à taux plein, ces salariés devront travailler jusqu’à l’âge de 67 ans ! Faut-il voir dans ces mesures la marque d’une régression sociale ? Je réponds affirmativement. Autant devoir désormais travailler jusqu’à l’âge de 62 ans me semble justifié si l’on considère l’allongement de la durée de la vie et de sa qualité, autant je juge injuste de condamner des salariés à travailler jusqu’à 65 et même 67 afin de bénéficier d’une retraite non frappée par une décote. On peut d’ailleurs se demander pourquoi les syndicats de salariés ont préféré la bataille pour les 60 ans à celle contre la décote. Ils ont sans doute manqué là une belle occasion de faire preuve de réalisme et de pertinence.

Une belle absurdité

Le socialiste Manuel Valls a pour sa part attendu les lendemains de réveillon et le temps des vœux pour nous asséner un coup derrière la tête. Enfourchant le cheval de bataille des secteurs les plus réactionnaires de la droite, il a remis sur la table la proposition de supprimer les 35 heures et d’ainsi allonger la durée hebdomadaire du travail. L’UMP n’a pas laissé passer cette aubaine. Elle a d’emblée mis sur le tapis son étude sur le coût du travail qui préconise, entre autres, la fin des 35 heures et même la suppression de toute référence à une durée légale hebdomadaire du travail. Manuel Valls a raté une belle occasion de se taire. Il a d’ailleurs ajouté à la bêtise politique (favoriser l’adversaire), une absurdité économique et sociologique. Les 35 heures n’ont ni compromis la compétitivité, ni même déterminé la modération salariale. Cette dernière résulte en réalité d’un partage de la valeur ajoutée créée favorable au capital plutôt qu’au travail. D’ailleurs le patronat ne réclame plus guère la disparition des 35 heures car les entreprises bénéficient en contrepartie de 22 milliards d’euros d’abattement de charge. Par ailleurs, en disant vouloir permettre aux salariés de travailler plus, Manuel Valls se réfère au précepte sarkozyste « Travailler plus pour gagner plus ». Or le bilan de la mise en œuvre de ce précepte met en évidence des effets désastreux (incitation des employeurs à substituer à des hausses de salaire la délivrance d’heures supplémentaires fictives car celles-ci sont défiscalisées, pertes de recettes fiscales et sociales). Enfin, on pourrait aussi relever que les 35 heures, en donnant du temps libre, ont contribué à créer des emplois et de la croissance dans les secteurs du tourisme, du transport et des loisirs. Comme l’a pertinemment souligné Christian Estrosi, député et maire UMP de Nice : « La RTT est entrée dans la vie de beaucoup de Français. Il faut en tenir compte ».

Alexandra Sereni

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