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On en parlera demain

vendredi 17 septembre 2010, par Journal de la Corse

Demain Roms : retour aux tests ADN ? Après celle aux sans-papiers, voici la chasse aux Roms ! Avec les mêmes à la manÅ“uvre : le duo Hortefeux / Besson. Avec le risque de mêmes et sinistres tentations... La logique de la non discrimination ajoutée àl’existence de centaines de milliers de clandestins aboutit àl’impossibilité d’évaluer correctement les flux migratoires. Ce qui interdit d’en connaître la réelle dimension et entrave l’élaboration de politiques cohérentes aux plans de l’accueil et de l’intégration. Inévitablement, cette situation d’empirisme et d’impuissance favorise l’éclosion de fantasmes xénophobes ou racistes. En effet, ne pouvoir répondre àla question « Â Combien Ils sont ?  » permet àcertains d’affirmer « Ils sont partout !  » De plus, l’ignorance opacifie les problèmes sociaux de misère, d’exploitation et d’exclusion et de délinquance que crée la présence de personnes n’ayant ni emploi déclaré, ni logement identifié, ni connaissance de la langue, de la culture et des lois du pays d’accueil. Nier l’existence de problèmes liés  àl’immigration clandestine ainsi que la difficulté de les résoudre serait absurde. En revanche, rien ne saurait justifier qu’au nom de l’urgence de les régler, on fasse n’importe quoi. Or, depuis plusieurs années, aiguillonnés par le duo Hortefeux / Besson, les services de l’Etat sont contraints de « Â faire du chiffre concernant les expulsions. Depuis cet été, au nom des mêmes fantasmes xénophobes ou racistes et àcause des mêmes problèmes sociaux non résolus, la chasse aux Roms s’ajoute àcelle aux sans-papiers. Tentation ADN Avec la politique d’expulsion des Roms et la difficulté souvent invoquée de les identifier pour prévenir leur retour, je ne serais pas surprise que l’on nous annonce un retour de l’option « Â tests ADN  ». Suggérée il y a quelques années dans le cadre d’une volonté de contrôle du regroupement familial, cette option avait heureusement été abandonnée suite àune mobilisation citoyenne et républicaine. Les uns avaient rappelé qu’en France, juridiquement, moralement, philosophiquement et même religieusement, le lien de filiation ne s’était jamais limité àla prise en compte d’une dimension biologique. D’autres avaient souligné que les services de l’Etat civil de certaines régions du monde d’où provient l’immigration font dans l’empirisme ou ne fonctionnent pas. Ce qui faisait courir le risque que le droit de vivre en famille, reconnu par la Convention européenne des Droits de l’homme, ne soit plus garanti. D’aucuns estimaient aussi que les tests génétiques risquaient de révéler des enfants adultérins. D’où la perspective de traumatismes affectifs et même de graves conflits familiaux. Enfin, beaucoup de voix s’inquiétaient que les tests ADN contribuent àstigmatiser les candidats àl’immigration et ouvrent la porte au fichage génétique. De quoi àvrai dire être très inquiets si l’on veut bien se souvenir de l’usage qui fut fait, il y a un peu plus de 60 ans, d’un certain fichier des juifs. Constitué àpartir de 1940 pour le compte du de la Préfecture de Police de Paris, ce fichier concerna plus de 150 000 juifs de nationalité française et étrangère. Il facilita les politiques de persécution. Il rendit possible les rafles - dont celle tristement célèbre du Vel’ d’Hiv - qui permirent la déportation de dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Les régimes passent, les fichiers ont une fâcheuse tendance àrester. Or si Hortefeux et Besson n’ont heureusement encore rien àvoir avec les vichystes René Bousquet (secrétaire général àla police) et Darquier de Pellepoix (Commissaire aux affaires juives), qui peut dire par qui nous serons gouvernés en 2040 ? Alexandra Sereni

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