Bettencourt / Woerth : le mauvais feuilleton de l’été ! Au soleil de juillet, enterré Plus belle la vie ! Le succès sourit désormais à l’Affaire Bettencourt / Woerth. Pour plusieurs raisons. D’abord, on n’est pas dans la fiction. Les personnages, les lieux et les faits sont empreints de réalité. Quant au scénario, il est top. Impossible d’avoir une idée de ce que l’on découvrira chaque jour. Le suspense et les rebondissements ne manquent jamais. Il convient d’ajouter que la diffusion des épisodes permet de n’en rien perdre, quel que soit son lieu de villégiature estivale. L’affaire Bettencourt / Woerth peut être suivie sur France 3, mais aussi en lisant son journal sur la place du village, en écoutant la radio sur la plage, en suivant les infos à l’apéro dans la véranda ou sous la tonnelle, en surfant sur le net dans le train ou entre deux avions. Enfin et surtout, on apprend des tas de choses sur ce que valent aujourd’hui une bonne partie de la classe politique et du gotha de l’économie et de la finance. Retour à une société de classes pure et dure En premier lieu, il apparaît une démonstration supplémentaire de la collusion insoutenable entre certains politiques et les milieux de l’argent. On le savait mieux depuis les tristes épisodes ayant eu pour cadres le Fouquet’s et le yacht de Bolloré. Aujourd’hui, on est totalement édifié. Chez Madame Bettencourt - je devrais  dire Madame L’Oréal - on gère les carrières des épouses de ministres, on décide de l’attribution des décorations de la République, on sollicite la complaisance des gardiens de l’intérêt général et l’on distribue des chèques et des enveloppes aux partis politiques ayant bien mérité de l’argent roi. L’épouse de celui qui était censé lutter contre les paradis fiscaux et la fuite des capitaux de France vers l’étranger, conseillait fiscalement et à domicile la détentrice de la plus grosse fortune de France dont on sait désormais qu’elle fraude le fisc. L’Affaire Bettencourt / Woerth illustre formidablement le fossé entre la France du pouvoir et de l’argent et celle des gens ordinaires, le mépris d’une bonne partie des classes dirigeante à l’encontre de l’intérêt général, le retour à une société de classes pure et dure et même de castes. Une République de la richesse Deuxièmement, l’Affaire Bettencourt / Woerth confirme que l’instauration du bouclier fiscal n’est pas une erreur de parcours et que le caractère socialement injuste de la réforme des retraites n’est pas un accident. Tout cela relève d’une logique voulant que des privilégiés demandent au peuple de travailler toujours plus, de gagner toujours moins, d’être toujours moins protégé et secouru, alors qu’un petit monde du pouvoir et de l’argent se gave toujours plus et s’exempte de tout effort de solidarité. Il ne s’agit  plus ni de la République irréprochable promise par Nicolas Sarkozy, ni même de la lutte contre la fracture sociale chère à Jacques Chirac, il est de plus en plus question de la montée en puissance d’une République de la richesse aussi ostentatoire qu’insolente. Pour preuve : le ministre des retraites ose regarder les Français dans le fond des yeux pour les inciter à des efforts. A y regarder de près, l’Affaire Bettencourt / Woerth est certes le feuilleton de l’été. Mais, contrairement à «  Plus belle la vie  », il ne peut être regardé comme un divertissement ou une façon ludique de découvrir et mieux comprendre des problèmes quotidiens ou des grandes questions de la société d’aujourd’hui. En réalité, il est un très mauvais feuilleton car la prégnance du scandaleux et de l’insupportable font que loin d’aider à savoir et réfléchir, il dégoà »te et déprime. Alexandra Sereni Â