La gronde des riverains ajacciens du centre-ville
Alors que la nouvelle tarification des horodateurs doit entrer en vigueur ce 3 février à Ajaccio, l’association des riverains du centre-ville n’en finit plus de se mobiliser. Objet de la polémique, un tarif résident trop élevé mais également pour certains commerçants, un centre-ville totalement en baisse dans ce domaine.
Les articles de presse et la campagne de pub initiés par la municipalité d’Ajaccio dans le cadre d’une nouvelle politique de stationnement payant -dans le centre ville- se succèdent, depuis quelques temps dans les médias insulaires, principalement le quotidien Corse Matin. Une politique liée à la problématique des déplacements, de surcroît, dans un secteur où, trouver une place de parking aux heures de bureau, relève de l’exploit...Ainsi, la municipalité ajaccienne, a planché sur un élargissement des places de stationnement...payant. Les quarante anciens horodateurs, ont été supprimés et remplacés par soixante machines neuves et modernes, mises en place par la société Q Park, délégataire de service public. Objectif, pour la municipalité, accroître la zone payante, qui passe de 800 à 1300 places et s’étend de la place Miot au port Charles Ornano en ajoutant les rues adjacentes à ce secteur. Quinze autres machines seront installées en octobre prochain, portant, alors, la zone à 1500 places.
Une tarification en questions
Pour la mairie, désengorger le centre-ville devient donc une priorité. Et la construction -qui vient de débuter- d’un nouveau parking sous la place Campinchi (place du marché) ainsi que la rénovation de celui du Diamant s’inscrivent dans cette perspective pour un coût respectif de 24 et 20 millions d’euros. Concernant la mise en place des nouveaux horodateurs et surtout la grille tarifaire suscitant bien des polémiques, des réunions publiques ont été organisées dès le début de l’année 2011. Les riverains du cours Napoléon, entre autres, y ont participé activement. Et si la population ajaccienne aura eu l’impression d’être écoutée, elle n’est pas certaine d’avoir été entendue. D’où une gronde croissante débouchant, dans un premier temps, sur une pétition signée, sur le web, par près de 2000 personnes puis, en décembre dernier, par la création de "l’association des riverains du cours Napoléon et de la Piazetta". Rassemblant, pour l’heure, une vingtaine de personnes, elle refuse catégoriquement la grille tarifaire imposée par la municipalité et va même jusqu’à dénoncer des "prix prohibitifs". "La municipalité annonce des tarifs parmi les plus bas de France, annonce Jacques...Président de l’association, or, celui proposé, pour ce qui concerne les abonnés (moins 60%), est bien plus élevé et arrive même en tête au niveau national. En zone orange, il nous en coûtera 76,80e par mois (ndlr : sur la base de 8 heures de stationnement six jours sur sept) et en zone bleue, 38,40e par mois. Pour infos, les tarifs de grandes villes de l’Hexagone sont bien en deçà. Je citerai, entre autres, pour exemple, Strasbourg (10e/mois), Paris (15e/mois), Nice et Montpellier (25e/mois), Bordeaux (1 euro/jour), Marseille (200e/an), Nantes (165e/an) ou Annecy (150e/an). Le tarif résident est bien trop élevé à Ajaccio, il ne prend pas en compte la réalité." L’association a été reçue, la semaine dernière par Simon Renucci, député-maire. "Il nous a écoutés, reprend le président mais nous ne sommes pas sûrs qu’il ait réellement pris en compte nos doléances."
Revitaliser le centre-ville
Pour étayer leur gronde et confirmer leurs craintes, les riverains du cours Napoléon s’appuient sur le discours de Charly Cervetti, adjoint en charge de ce dossier et pour lequel "les recettes doivent financer la construction du nouveau parking et la rénovation complète de celui du Diamant" pour un coût total de l’opération évalué à 44 millions d’euros. Mais si la municipalité a fait du désengorgement du centre-ville, son "cheval de bataille", il semblerait qu’elle se soit, quelque peu, précipitée dans cette démarche. "Il n’y a pas de plan de circulation cohérent en amont, ni de parking relais en concertation avec les transports en commun. Or, nous avons 8000 véhicules qui entrent en ville chaque matin. L’objectif, à mon sens, consistait, dans un premier temps, à privilégier le stationnement des résidents et, ensuite, favoriser les déplacements des personnes venant de l’extérieur par l’emplacement de parking relais et la mise en place de navettes. Un concept déjà utilisé dans de nombreuses villes de France et de l’Etranger." Si elle grogne, l’association n’en cherche pas moins à proposer des solutions. "Un tarif résident à 200 euros par an ou 25 euros par mois. Les horodateurs sont censés rapporter 1,5 million d’euros par an. Et si l’on ajoute la part versée par la société Q park (1 million d’euros), cela porte le total à 2,5 millions d’euros. Or, sur la base de 65153 habitants (ndlr : au dernier sondage INSEE), 20000 abonnés à 25 euros/mois rapporteraient 6 millions d’euros et tout le monde y trouverait son compte. " Autre point soulevé, la revitalisation du centre-ville. "Actuellement, il se meurt. Il faut savoir que le coût des loyers commerciaux y est très élevé et les recettes, en baisse de 40%. En outre, quand un commerce ferme, il n’est pas remplacé. "No parking, no business" disent les Américains. Or, si l’on veut redynamiser le secteur, il serait judicieux de proposer des emplacements à durée limitée (40mn) sans facturation." Pour se faire entendre, l’association -dont la démarche est totalement apolitique- multiplie les actions de sensibilisation. Plusieurs réunions ont eu lieu à la maison carrée. Elle n’ont, pour l’heure, rien donné si ce n’est une mise application de la tarification à compter du 3 février au lieu du 1er initialement prévu. Entre-temps, les différents protagonistes se seront de nouveau, retrouvés autour d’une table. Quant à la nouvelle politique de déplacement urbain préconisée, à terme, par la municipalité, ce n’est pas avec 1500 places de stationnement, qu’elle va être mise en place. Ni même avec les parkings rénovés ou construits. Et le désengorgement ne se borne, malheureusement pas, à la seule artère centrale de la ville (montée Saint-Jean, Rocade, entrée de la ville, etc, etc). C’est tout un plan de circulation qu’il faut redéfinir et au sein duquel, il serait, en effet, possible, d’insérer des parkings relais et places de stationnement. Autant dire que le cauchemar n’est pas près de se terminer...
Ph.P.
Zone orange (stationnement de courte durée) :
Boulevard Pascal Rossini entre Ramaroni et Macchini, Avenue de Paris, Avenue Eugène Macchini, Cours Napoléon
Zone bleue (stationnement de longue durée) :
Place Miot, boulevard Pascal Rossini, Cours Grandval (jusqu’à la rue Rossi), rue soeur Alphonse, boulevard Danièle Casanova, boulevard Lantivy, rue Forcioli Conti, rue Roi de Rome, rue Bonaparte, avenue Antoine Serafini, boulevard Roi Jérôme, marché, rue Bessière, quai l’Herminier, boulevard Sampiero, parking de la gare, Marconajo, rue Jean-Jérôme Levie, rue Emmanuel Arène, rue Maréchal Ornano, rue général Fiorella, rue général Campi, rue Lorenzo Vero, rue Capitaine Livrelli, rue major Lambroschini.
Tarifs :
Usager : 1 euro/h en zone orange et 0,50 e/h en zone bleue
Résident : réduction de 40%
Abonné : réduction de 60%