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Moins de bateaux pour plus cher !

mercredi 17 novembre 2010, par Journal de la Corse

Demain Le programme électoral du président de la CTC ne préconisait pas la suppression totale de l’aide sociale. Il se bornait à proposer de la supprimer en période estivale. Je n’ai pas d’affection particulière pour le jaune. Je ne suis pas une partisane de Titi et Gros Minet. Je n’ai rien contre le blanc. En revanche, je n’ai pas envie de revivre le temps où l’on devait pratiquement supplier pour obtenir un billet de bateau et le payer fort cher, pour passer du Continent à l’Ile ou inversement, à la date que l’on n’avait pas forcément choisie. Ce que d’aucuns osaient alors, avec un fort accent marseillais, appeler un service public, relevait du plus grand mépris à l’encontre des passagers et de la Corse. Or ce temps pourrait bien revenir. En effet, la proposition du président de l’Office des Transports de supprimer purement et simplement l’aide sociale au passager transporté, rouvre la possibilité d’un monopole au service d’un concessionnaire, n’ayant cure des besoins des usagers et des intérêts de la Corse. De plus, elle risque de réduire considérablement l’offre de transport maritime et donc la possibilité, pour vous et moi, de nous déplacer quand bon nous semble selon des conditions de confort et tarifaires nous convenant. Tout pour un concessionnaire En effet, la suppression de l’aide sociale et l’extension à Toulon de la délégation de service public qui était jusque là cantonnée à Marseille, impliquerait une disparition de la variété d’opérateurs desservant Toulon à la satisfaction générale, car une distorsion de concurrence serait créée au bénéfice d’un concessionnaire. Cela conduirait également à une augmentation des prix sur les parcours où les compagnies ne bénéficieraient plus de l’aide sociale. Cela supprimerait aussi une concurrence dont on a pu percevoir les bienfaits en termes de fréquences, de places disponibles, de prix du billet et de non prise en otage de la Corse par quelques grévistes. De plus, on favoriserait un système de service public coûtant plus de 100 M€ au contribuable alors que l’aide sociale coûte moins de 20 M€. On aboutirait donc à moins de bateaux et à des billets plus chers. Fou, fou, fou ! Méthode idoine pour tuer le service public Menacer ainsi la bonne marche du transport maritime est d’autant plus inexcusable que le Président de la CTC, dans son programme électoral, se gardait bien de préconiser la suppression de l’aide sociale. Il se bornait, fort pertinemment d’ailleurs, à proposer de la suspendre en période estivale ; la pointe de demande de l’été permettant aux compagnies maritimes d’être en forte concurrence tout en appliquant des tarifs plus élevés. Quant à la méthode consistant à mettre fin, avant terme, à un dispositif conclu avec un partenaire donnant globalement satisfaction, est plus que fâcheuse, et fait douter de la signature de la Région. Certes les finances de celle-ci ne sont guère florissantes. Mais cela ne saurait justifier un retour aux méthodes du Moyen Age ou faute pouvoir payer ses fournisseurs ou honorer ses créances, le monarque faisant pendre haut et court le marchand ou le banquier. Ce n’est pas en faisant renaître un monopole de fait que l’on préservera le service public. Au contraire, il s’agit de la méthode idoine pour le tuer. En effet, quand les Corses découvriront qu’ils sont à la merci d’une compagnie et d’un ou deux syndicats de marins, ils applaudiront et voteront pour ceux qui leur vanteront les mirages du tout libéral. Un peu fou non ? Alexandra Sereni

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