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Mariage homosexuel : je suis heurtée

jeudi 20 septembre 2012, par Journal de la Corse

Refuser le droit au mariage des homosexuels n’est pas une abomination et ne remet pas en cause la laïcité. Cela relève simplement du refus d’un monde sans normes durables.

Selon Monseigneur Barbarin, l’archevêque de Lyon, le mariage homosexuel pourrait conduire à la polygamie et à l’inceste. Honnêtement, je ne suis pas horrifiée par cette déclaration. Le Primat des Gaules a raison de craindre qu’après que les homosexuels aient obtenu le droit de convoler en justes noces, certains esprits, se voulant « libres et éclairés », aient la tentation de rendre possible le mariage à trois ou à quatre, ou de mettre fin à l’interdit de l’inceste. En outre, je partage son appréciation qui le porte à affirmer que le mariage homosexuel représenterait une « rupture de société ». En effet, le mariage est et doit rester l’acte par lequel deux personnes de sexes différents et qui s’aiment, sacralisent civilement et aussi religieusement, si elles le souhaitent, leur vie commune. Il en est ainsi depuis que le monde est monde, et je ne suis pas sûre que notre génération ait le droit de modifier cet ordre des choses. Notre ordre social qui a déjà renoncé à beaucoup de repères, n’a vraiment pas besoin de perdre ceux que représente le mariage. Enfin, tout comme Monseigneur Barbarin, j’estime que les décisions de députés et de sénateurs, n’ont pas forcément vocation à rayer d’un trait de plume, un cadre familial et social vieux de milliers voire de dizaines de milliers d’années. Bien entendu, les voix n’ont pas manqué pour condamner le propos de l’archevêque de Lyon. Ainsi, il lui a été reproché son « égarements » et de refuser la laïcisation du droit.

Fustiger le suivisme

Eh bien, malgré le respect qui est le mien pour les homosexuels et leur droit à la différence, à la tolérance et à tous les droits civils dont jouissent les couples mariés, et malgré ma conviction que le pouvoir religieux doit respecter le fonctionnement des institutions politiques et administratives, je ne puis être en accord avec ceux qui condamnent Monseigneur Barbarin. Il me semble que refuser le mariage homosexuel n’est pas une abomination et je ne remets pas en cause la laïcité. Cela relève tout simplement du refus d’un monde sans normes durables. A mon sens, concernant l’évolution des règles éthiques de la vie sociale, l’acceptation des différences ne doit pas remplacer la primauté et la légitimité de ce qui reste la règle la plus commune. Aussi, s’il convient de condamner, je suis plus encline à fustiger le suivisme de certains élus qui, opposés en leur for intérieur au mariage homosexuel, se taisent afin de ne pas indisposer les élites pensantes et les sphères dirigeantes, ou craignent de paraître « vieux jeux ». J’ajoute que je suis outrée de lire que tel ou tel maire de notre île affirme : « Cette mesure me choque. Je ne suis pas pour » mais ne s’engage pas pour s’opposer. Je préfère la franchise des députés UMP Laurent Marcangeli et Camille de Rocca Serra qui rejettent le mariage homosexuel et se prononcent pour un contrat d’union civil donnant aux couples de même sexe tous les droits d’un couple marié. Au fond, je me retrouve dans le condensé de deux opinions : celle de Charles-Antoine Casanova, maire de Guarguale, et celle de Jean Biancucci, maire de Cuttoli-Corticchiato ; le premier déclarant : « Une institution comme le mariage ne peut-être soumise aux fluctuations des courants de pensée. Elle se situe bien au-delà des différences religieuses et des clivages idéologiques » et le second affirmant « Que des gens de même sexe s’aiment, ça ne me dérange pas. Mais à partir du moment où l’on veut entrer dans des actes d’état civil je suis heurté. » Eh bien, moi aussi !

Alexandra Sereni

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