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LOS INDIGNADOS

jeudi 9 juin 2011, par Journal de la Corse

Los indignados

« Indignez-vous ». Titre accrocheur d’une brochure très réduite. Moins de cinquante pages. Record de vente en France. L’auteur, Stéphane Hessel, ne préconise rien d’autre, à l’entendre, que de reprendre le programme de la Resistance élaboré, en France, sous l’occupation nazie.

Il s’est rendu récemment à Madrid et y a tenu une réunion publique. Grande affluence là aussi. Presque aussitôt, des jeunes et des moins jeunes ont entamé l’occupation de la « Puerta del sol ». Voilà la grande place madrilène couverte par une foule immense. Les manifestants y donnent un nom emblématique : « Los indignados ». Aussitôt des émules se réunissent place de la Bastille à Paris. Ils sont seulement quelques centaines. Eux aussi s’emparent du nom « les indignés ». Le député européen Mélenchon de Paris appelle les Espagnols à la « révolution des jasmins » tunisienne, laquelle rappelait la « révolution des œillets » des jeunes officiers portugais contre la dictature salazarienne de Marcelo Caetano. Ce furent les débuts de la démocratie portugaise. Le leader socialiste Mario Soares ne tarda pas à jouer un rôle important dans la consolidation du régime démocratique. Aujourd’hui, les « indignados » madrilènes se réclament donc de la révolution tunisienne qui se veut avant tout un mouvement démocratique de liberté ayant abattu la dictature de Ben Ali sans verser de sang de même que les Portugais de la « révolution des œillets » avaient triomphé de la dictature de Salazar et de son successeur sans violence. Alors que veulent les « indignados » ? L’Espagne a des institutions démocratiques. Son premier ministre, José Luis Miguel Zapatero, est un socialiste. La démocratie espagnole a succédé, depuis longtemps, à la dictature franquiste. Les récentes élections locales ont donné une majorité considérable à la droite espagnole. On comprend le ras-le-bol d’une jeunesse victime d’un taux de chômage de 40%. Bref, la révolution, à Paris comme à Madrid, piétine. C’est qu’il ne suffit pas de s’indigner et de regrouper des mécontents. Encore faut-il avoir un but, présenter des propositions. On se souvient du fameux mot d’ordre de Pierre Poujade : « Sortez les sortants ! ». Poujade, le leader du mouvement de défense des artisans et commerçants, anti parlementaire, anti européen et nationaliste remporte des succès puis s’effondre rapidement. Il est facile d’être anti quelque chose ou quelqu’un. Mais cela ne suffit pas pour changer un régime. Nous sommes aujourd’hui en Europe, dans une période où la mondialisation a atteint son apogée après avoir pris son départ avec Vasco de Gama et Christophe Colomb. Aujourd’hui les communications entre les habitants de la Terre ont vaincu le temps et l’espace. Le temps s’accélère et l’espace se reconstruit. L’incertitude du lendemain gagne du terrain. L’ultra libéralisme vient de monter ses limites et ses tares. Mais le capitalisme règne et tous les pays à l’exception de Cuba et de la Corée du Nord vivent sans la loi du marché. Le marxisme qui se disait porteur du sens de l’histoire s’est effondré et son économie administrée n’a pas survécu. La planète est sans doute enceinte d’un avenir meilleur. Mais, pour l’instant, l’horizon est sombre. Le retour aux années 40 ne saurait servir de boussole. Qui vivra, verra.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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