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Liberté pour Aurore Martin

jeudi 15 novembre 2012, par Journal de la Corse

L’extradition d’Aurore Martin, citoyenne française et militante de la cause basque, vers l’Espagne pour un délit d’opinion est une des plus belles saloperies qui étaient été accomplies ces dernières décennies. La droite en avait rêvé, la gauche l’a fait. Sous le coup d’un mandat d’arrêt européen, Aurore Martin est la première européenne extradée depuis son pays d’origine. Elle risque douze ans de prison, pour sa participation à des réunions de l’organisation Batasuna, légale en France.

Valls la honte

Aurore Martin était sortie de la clandestinité et vivait discrètement en Pays Basque français, un mandat d’arrêt européen (MAE) suspendu au-dessus de la tête. En juin 2011, la police française avait tenté de l’interpeller à Bayonne avant de se faire repousser par des militants basques. Le PS, par la voix de François Hollande, alors dans l’opposition, avait évoqué « les heures sombres de l’histoire ». Depuis, « il y avait une décision tacite de non-application du mandat d’arrêt européen sous Sarkozy, puis sous Hollande », a opportunément rappelé Jean-François Lefort, responsable de Batasuna au Pays Basque français. Pour la France, il n’était pas question de livrer un de ses nationaux. Manuel Valls a osé vraisemblablement à la suite de négociations avec l’Espagne conservatrice. Il avait affirmé dans le quotidien El Pais, que la France poursuivra « avec fermeté » son combat contre l’ETA. Auparavant, le ministre de l’Intérieur avait exclu de la réforme sur la décentralisation le projet d’une collectivité propre au Pays Basque.

Menteurs and co

Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et la garde des Sceaux, Christiane Taubira, affirment n’avoir pris « aucune décision » dans l’arrestation d’Aurore Martin. La militante aurait été arrêtée lors d’un contrôle routier habituel en cette période de vacances, selon Manuel Valls. Et son expulsion serait "une opération de juge à juge", « dans le strict cadre du mandat d’arrêt européen, les autorités gouvernementales n’intervenant plus », a souligné Mme Taubira. Tout d’abord nous savons tous que les affaires d’état ne fonctionnent pas ainsi. La preuve ? Aurore Martin n’a pas été arrêtée sous la gauche. Ensuite, les camarades d’Aurore Martin ont témoigné que plusieurs barrages avaient été établis à l’heure de l’arrestation de la jeune femme et levés tout aussitôt après. C’est donc une décision du gouvernement une décision non assumée après la levée de bouclier qu’elle a provoquée.

Valls aurait livré les antifascistes avant guerre

Les communistes, les socialistes et les Verts du pays basque espagnol ont dénoncé cet acte réalisé alors qu’ETA a déposé les armes, que les nationalistes basques ont obtenu la majorité absolue en Euskadi. Le Comité de défense des droits de l’homme Pays Basque a rappelé de son côté que « François Hollande lui-même avait apporté son soutien à la jeune Aurore » quand il était candidat. Des représentants du NPA, du PS, du Modem, de l’UMP, 
de partis indépendantistes basques et de syndicats, réunis 
dans le collectif Bake Bidea (Le chemin de la paix), demandent qui est à l’origine de l’arrestation et pourquoi la France a répondu favorablement à la demande de l’Espagne. « Je demande 
au gouvernement de procéder à une enquête », a questionné 
Jean-Jacques Lasserre, sénateur Modem des Pyrénées-Atlantiques. Il a par ailleurs été rappelé par la LDH que l’article 576 du Code Pénal espagnol qui fonde cette arrestation a été critiqué dans un rapport du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU de 2008 concernant l’Espagne (A/HRC/10/3/Add.2). Il constitue une violation des droits fondamentaux de l’Homme et a fait l’objet de remarques quant à ses implications sur la liberté d’expression. Car alors, si Monsieur Orban, le président néofasciste de Hongrie demandait l’extradition d’un militant français ayant critiqué son régime le qualifiant de "terroriste" et émettait un mandat d’arrêt européen, il faudrait accepter la mesure exécutoire. Autant dire que M. Valls aurait avant guerre livré les antifascistes à Mussolini, à Hitler puis à Franco. C’est une honte qu’ont dénoncée les partis nationalistes en Corse. Mais il convient maintenant de centraliser les protestations de manière à obtenir la libération d’Aurore Martin. Et ce combat ne peut qu’être international comme l’a été son extradition. Et au passage demander la démission de M. Valls lorsque celui-ci viendra avec Mme Taubira, l’ancienne indépendantiste guyanaise dans notre île.

GXC

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