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Lettre ouverte à un Monsieur très bien

jeudi 19 mai 2011, par Journal de la Corse

Wauquiez

Il ne reste plus qu’un an à Laurent WAUQUIEZ pour bénéficier des avantages du RSA et des avantages afférents.

Monsieur le ministre des Affaires européennes, votre défiance contre les bénéficiaires du RSA et plus globalement contre tous ceux qui cumulent des minima sociaux, vous a apporté le succès médiatique que vous souhaitiez. J’en suis heureuse pour vous. Il est normal que votre mérite de multi diplômé et votre bonne tête de premier communiant trouvent enfin leur juste place dans les médias. Concernant notre modeste hebdomadaire, vous avez d’ailleurs parfaitement atteint votre objectif. Les quelques lignes que je vous consacre en représentent la preuve irréfutable. Bien sûr, j’ai longuement hésité avant de me risquer à écrire sur un Monsieur aussi bien que vous. Je ne suis qu’une chroniqueuse de province. Mais, pardonnez-moi, il fallait que cela sorte. Quand j’ai eu connaissance du détail de votre questionnement social « Les bénéficiaires du RSA sont-ils des assistés ? » et de votre inquiétude quant à l’existence d’un cancer appelé « assistanat », mon sang n’a fait qu’un tour. J’ai tout de suite pensé à une amie bastiaise qui perçoit le RSA et au sentiment qui devait être le sien en lisant ou entendant votre prise de position. Je me suis d’abord demandé si en venant prendre le café chez moi, comme elle le fait de temps à autre, elle n’aurait pas peur que je la regarde de travers ou l’interroge sur la nature de ses privilèges qui coûtent si chers à la « contribuable classe moyenne » que je suis.

N’est-ce pas Byzance ?

Je me suis dite aussi qu’ayant à peine la quarantaine, mon amie avait bien de la chance de pouvoir goûter d’un repos permanent dont je ne pourrais bénéficier qu’à l’âge de la retraite. Au mieux quand j’aurai 65 ans ! Autre chance pour elle, il parait qu’en touchant le RSA, elle peut même se permettre de le cumuler avec des allocations familiales (elle a deux enfants), une aide personnalisée au logement (APL) et la qualité d’ayant droit à un HLM s’il s’en trouvait un de disponible. Enfin - n’est-ce pas Byzance ? - si elle dégotait un petit boulot sympathique de quelques heures, genre serveuse ou caissière, elle aurait l’opportunité quelques temps d’ajouter son gain au montant de son RSA. Il faut dire qu’avec les quelques 1200 € que lui rapportent ce RSA et les aides susmentionnées, mon amie et ses deux enfants ne se refusent rien. Ils louent un appartement somptueux moyennant un loyer de 700 euros (en attendant de jouir d’un HLM). Ils disposent d’une fantastique automobile - authentique pièce de collection de chez Peugeot - qui leur permet tout juste d’aller faire les courses dans une grande surface et d’ainsi passer pour des écolos qui luttent contre le réchauffement de la planète. Ils ont les moyens de s’offrir tous les produits premier prix. Ils peuvent même ne pas partir en vacances tant leur logis et son confort leur semblent douillets. A bien y réfléchir, je me demande si mon amie et ses deux enfants ne vivent pas mieux que vous et moi. Aussi, je ne saurais trop vous conseiller de demander à votre patron M. Nicolas Sarkozy de vous faire profiter au plus vite du RSA et des avantages afférents en remplacement de vos actuels revenus de ministre. Et dépêchez-vous de le faire car, sait-on jamais, dans un an, les mauvaises fortunes de la politique pourraient vous priver de cette fantastique opportunité de vivre une existence de privilégié.

Alexandra SERENI

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