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Les urnes dans les banques ?

jeudi 19 janvier 2012, par Journal de la Corse

S’ils persistent dans la voie de la soumission et de la servilité, les dirigeants politiques devront en tirer toutes les conséquences.

La dégradation de la note de la France est intervenue. L’agence de notation américaine Standard and Poor’s l’a amputée d’un A. Notre pays n’est pas le seul à avoir perdu du galon. L’Autriche, Chypre, le Portugal, l’Italie, l’Espagne, la Slovaquie, la Slovénie et Malte ont également été sanctionnés. Désormais, la France devra emprunter à des taux plus élevés pour rembourser sa dette publique. Les banques s’enrichiront un peu plus, leurs grands actionnaires se gaveront davantage. En revanche, les peuples, c’est-à-dire vous et moi, paieront la note. L’Etat et les collectivités devant emprunter à des taux plus élevés, nous le ressentirons non seulement sur nos feuilles d’impôts, mais également dans notre vie de tous les jours : dégradation du service public et de la couverture sociale, ralentissement de la réalisation d’équipements publics, progression du chômage et de la précarité… On aurait pu espérer que ce énième coup de force des intérêts financiers inciterait les acteurs politique en place à relever la tête et à dire haut et fort « Ca suffit ! ». Eh bien non ! Soit ils rasent les murs, soit ils font une fois de plus acte d’allégeance aux banques, aux agences de notation et aux spéculateurs. Quelques heures après avoir appris leur dégradation, la France et l’Italie ont affirmé vouloir consolider leurs réformes. Ce qui signifie que les gouvernants de ces Etats ont à nouveau plié l’échine et s’apprêtent à exiger de leurs peuples de nouveaux sacrifices. « La zone euro est déterminée à maintenir le triple A du Fonds européen de stabilité financière (FESF) » a, dans la foulée, annoncé le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro.

Que faire ?

Ces nouvelles génuflexions n’auront servi à rien. Standard & Poor’s a rappelé que les banquiers et les spéculateurs jugeaient encore insuffisants les cures d’austérité imposées aux peuples et méprisaient un FESF pourtant créé lors d’un sommet des chefs d’État et de gouvernement de la zone euro et ayant pour mission de contracter des emprunts, avec la garantie des États, en faveur d’un pays rencontrant des difficultés de solvabilité. En effet, l’agence Standard & Poor’s a indiqué que selon elle le projet de pacte budgétaire de l’Union Européenne n’était pas une avancée pour la zone euro. Nous voilà donc revenu au Moyen Age. A cette époque, sur injonction d’un grand féodal pris à la gorge par un banquier qui pratiquait des taux d’intérêt plus qu’usuraires, les soudards se répandaient dans les campagnes pour arracher aux paysans le fruit de leur travail ou leur peu de patrimoine. Ce qui permettait au seigneur de se renflouer et de faire face à ses dettes. On peut aussi se dire que les spéculateurs et les agences de notation, en grande partie liés à des intérêts US, n’ont de cesse que de détruire l’euro qui concurrence le dollar et de réduire à néant des modèles sociaux européens qui ne font pas la part assez belle au crédo libéral inspiré de la loi du marché et du pouvoir absolu de l’argent. Confronté à cela, que faire ? S’ils persistent dans la voie actuelle de la soumission et de la servilité, les dirigeants politiques devront en tirer toutes les conséquences. Par exemple, dès le printemps prochain, en France, ils seraient bien inspirés de placer les urnes des élections présidentielles et législatives non plus dans les écoles et les mairies mais dans les agences bancaires. Quand la devise de la République semble vouée à n’être plus que « Libéralisme, austérité et profit », pourquoi encore aller voter dans des bâtiments aux frontons desquels figurent encore les mots « Liberté, Egalité, Fraternité ». Que l’on cesse enfin de nous prendre pour des imbéciles…

Alexandra Sereni

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