Discussions budgétaires. Confrontation des doctrines et des faits. Mais en Europe plane désormais, en arrière plan, la menace du père Fouettard. C’est le Fonds Monétaire International. En cas de défaut, c’est-à-dire de faillite, celui-ci remplace les pouvoirs publics et dicte sa loi.
Le désendettement est donc devenu la priorité des priorités, afin d’éviter cette situation extrême. Cependant la dette ressemble à l’hydre de Lerne. Ce serpent avait plusieurs têtes. Elles repoussaient au fur et à mesure qu’on les tranchait. Ce fut Hercule qui l’anéantit. Les Etats menacés de l’Europe attendant ce demi-dieu grec. En France, une des têtes de l’hydre et même la plus grosse est constituée par les dépenses des collectivités locales. Elles se multiplient en s’empilant les unes sur les autres. Communes, départements, régions, communautés d’agglomération dans la plus grande confusion. Elle règne à tous les échelons. C’est la fameuse mille-feuille administrative. Elle bloque les services et multiplie les dépenses. Depuis trente ans il est prévu de la réformer. Mais elle demeure intouchable. La dépense de l’ensemble des collectivités locales représente aujourd’hui la moitié des dépenses publiques de l’Etat. C’est un montant énorme d’autant plus qu’elles sont loin d’avoir les mêmes charges que l’Etat. Les effectifs des communes pèsent lourdement. Ils atteignent le chiffre de 1.368.600 fonctionnaires. La France à elle seule a autant de communes que le reste des vingt six pays de la zone euro. A noter que les communes comptent plus de 600.000 élus dont 36.697 maires. La conséquence de ces dépenses se répercute évidemment sur les impôts et taxes que devra payer le contribuable. On peut ajouter à cela que la justification des dites dépenses est loin d’être évidente. Bref, les budgets n’ont cessé de flamber depuis les lois de la décentralisation. Certains experts ont pu calculer que si les communes surveillaient leurs finances, on pourrait faire une économie de 15 milliards d’euro. Ce n’est pas rien en cette époque de rigueur. Encore faut-il tenir compte d’un fait essentiel. C’est que les dépenses sont bridées par le contrôle de l’Etat sur les frais d’investissement. Ce n’est donc pas les gabegies des provinces espagnoles ou italiennes comme celles de la Catalogne ou de la Sicile. Alors lorsque l’on considère que les régions et leurs barons veulent encore plus d’autonomie et réclament de nouvelles compétences, on ne peut que se montrer réticent vis-à-vis de telles prétentions. Jusqu’à présent elles n’ont pas été justifiées par une amélioration du bien public. Alors gare à donner à l’hydre des têtes supplémentaires.
Marc’Aureliu Pietrasanta